Une fonction guère prenante car elle ne prend qu'une journée de travail par semaine, en moyenne, à l'ancienne directrice des affaires culturelles de la ville de Paris.
La commission d'enquête du Sénat chargée de contrôler le gouvernement, s'est intéressée aux conditions de la création du poste de médiatrice du livre. Une fonction attribuée à Laurence Engel quatre mois après qu'elle a été débarquée du poste de directrice de cabinet de la ministre de la Culture de l'époque, Aurélie Filippetti. La même ministre qui a crée la même fonction de médiatrice du livre et dont l'attribution interpelle plus d'un parlementaire
« La loi [instituant la fonction de médiateur] date du 17 mars 2014, à un moment où vous dirigiez le cabinet de la ministre de la Culture, c'est quand même quelque chose qui m'interpelle, surtout au niveau de la notion d'indépendance », souligne ainsi le sénateur du Cantal (Parti radical de gauche), Jacques Mézard, rapporteur de la commission dans un article du site ActuaLitté (lire ici).
En effet, les parlementaires peuvent s’interroger sur la création d'un poste taillé sur mesure pour la directrice de cabinet, obligée de démissionner de son poste prise dans la tourmente de l'affaire Acquilino Morelle, son mari qui se faisait cirer les pompes à l'Elysée. Celle ci ne s'est toutefois pas retrouvée à la rue car elle est retournée pantoufler tranquillement à la cour des comptes (lire ici).
Laurence Engel sous le feu des questions du Sénat
- Si vous voulez je peux vous montrer mes pantoufles
Elle devait néanmoins s’ennuyer ferme sous les ors et les lambris de la rue Cambon car à peine quatre mois après sa réintégration dans son corps d'origine, la voilà donc nommée... médiatrice du livre sur proposition de son ancienne supérieure hiérarchique, Aurélie Fillipéti ! Pure coïncidence sans doute, mais qui, hélas, peut prêter le flanc à toutes les rumeurs de connivence.
Ceci dit, que l'on se rassure, le poste de médiatrice du livre accepté par Laurence Engel n'est pas vraiment le bagne si l'on en croit ActuaLitté et la commission du Sénat car il suffirait d'une journée de travail par semaine pour satisfaire à la fiche de poste. Et encore une journée en moyenne. On comprend que cela lui laisse assez de temps libre pour rester membre de la Cour des Comptes et même d'être... présidente de la commission financière de l'AFP ! On ignore toutefois si c'est à titre bénévole.
En tout cas, une chose est sûre. Ce mélange des genres, où les hauts fonctionnaires occupent des postes qu'ils ont contribué à créer, nommés par ceux là même qu'ils connaissent depuis les bancs de l'ENA ou des fauteuils en cuir des différents cabinets auxquels ils ont été attachés, explique la défiance des français envers nos élites, ces marquis (et marquises) de la République. D'ailleurs pour ce qui concerne notre cumularde, Laurence Engel a d'abord été membre du cabinet de Bertrand Delanoë avant d'être ensuite nommée par le même...directrice des affaires culturelles de la ville de Paris !
Une pratique habituelle du côté de l'Hôtel de Ville puisqu'elle a servi de la même façon la carrière de Delphine Levy chargée dans un premier temps par le même Delanoë d'une mission sur les musées municipaux de la capitale alors qu'elle était, elle aussi, membre de son cabinet. La fine analyste a proposé la mise en place d'un établissement public, Paris-Musées, dont elle est devenue illico la présidente. Pas très fluctuat au niveau de l'éthique. Et même plutôt mergitur.
Aurélie Filippetti et sa directrice de cabinet
- Bon Laurence il va falloir te trouver un job
- D'accord Aurélie, mais pas plus d'une journée par semaine et seulement en moyenne