A tel point qu'il censure même les bibliothécaires parisiens qui relayent le communiqué de l'ABF. Une faute politique dénoncée par la CGT puis par la CFDT
La Ville de Paris n'avait sûrement pas prévu ça, mais en démarrant il y a quelques jours avec force trompettes, sa bibliothèque numérique basée sur l’offre de PNB (prêt numérique en bibliothèque) elle a relancé un débat sur la pertinence de ce dispositif dans les établissements de lecture publique. De quoi rendre fou Bruno Julliard qui voit les critiques s’accumuler contre son bébé.
Le débat existait pourtant depuis plus d'un an, au moment où la ministre de la culture, Fleur Pèlerin, annonçait avec enthousiasme un accord sur l'avenir du livre numérique et des service publics culturels. Un enthousiasme vite douché par le site spécialisé dans l'univers du livre, ActuaLitté et le collectif SavoirCom1, composé d'universitaires, de bibliothécaires et de juristes en droit d’auteur, lesquels avaient dénoncé un modèle économique hors de prix pour les bibliothèques (lire ici). Une alerte qui n'a apparemment pas atteint les décideurs politiques, en principe soucieux des deniers publics, notamment à la Ville de Paris qui a décidé coûte que coûte de mettre en place ce projet alors qu'il n’existe « aucune évaluation qualitative de ce modèle » selon les termes de l'association des bibliothécaires de France (ABF).
Oui, mais voilà tout ce qui se passe dans la capitale fait immédiatement caisse de résonance. C'est d’abord, la CGT culture, qui s'est émue de l’indigence tant du système que du modèle limitant le nombre de prêt pour chaque livre numérique à 30 emprunts, au terme desquels la bibliothèque devra racheter l'ouvrage.
Et le syndicat d’expliquer : « Le livre numérique (ou ebook) coûte cher. Systématiquement plus cher qu’un livre traditionnel (en papier quoi) en ce qui concerne le tarif appliqué aux bibliothèques. Très cher même, car le modèle en vigueur est celui d’une cession de licence, à la fois limitée dans le temps (six ans, pour Paris) et plafonnée au nombre d’emprunt. Avec le PNB (prêt numérique en bibliothèque) c’est fromage et dessert. Des livres électroniques qui contrairement aux bons vieux livres en papier ne sont jamais vraiment acquis. Sauf à les racheter éternellement. Si la mairie de Paris veut mettre en place une bibliothèque numérique, pourquoi pas ! Mais il faut alors un autre rapport de force avec les éditeurs et un droit de prêt numérique similaire au droit de prêt papier sans contrainte de durée ni de nombre de prêts », commente la CGT Culture (lire ici).
De son côté Savoir Com1, encore lui, a décidé de se saisir du lancement parisien pour dénoncer ce système absurde et mettre la ville de Paris face à ses contradictions en appelant à télécharger jusqu'à épuisement des stocks tout les fichiers disponibles à travers une campagne sur Twitter avec le hashtag la #chasseauxjetons. « N’hésitez pas à l’utiliser et à la tester, elle va probablement être rapidement inutilisable avec le merveilleux système de jetons que PNB propose. Comme les bibliothèques sont facturées au nombre d’emprunts de livre numérique et qu’elles ont des budgets limités, plus le public consulte les fichiers de PNB et moins la bibliothèque peut les proposer! Plus on fait notre métier de médiateurs sur ces contenus et moins on a de livres numériques à recommander, n’est-ce pas formidable ? Allez n’hésitez pas à télécharger des livres et le dire sur twitter, la #chasseauxjetons est lancée! » ont déclaré les membres du collectif dans un communiqué. Savoircom1 a par ailleurs développé sa position dans une tribune très argumentée publiée sur Rue 89 (lire ici).
Contacté par Rue89 justement, le cabinet de Bruno Julliard, premier adjoint chargé de la Culture à la mairie de Paris, qui « regrette la campagne lancée par SavoirsCom1 » se défend comme il peut « Certes, le nombre de prêts est limité, ainsi que sa durée. Mais c’est parce qu’il a fallu mettre en confiance les éditeurs, secoués par le changement de leur modèle d’affaires » précise l'élu. Et d'annoncer, incantatoire, que « l’idée est bien d’obtenir des conditions plus avantageuses ».
Prêt numérique : Bruno Julliard, incantatoire, s'adresse aux éditeurs
- Allez, soyez sympas quoi, accordez-moi des conditions plus avantageuses
Prêt numérique: Bruno Julliard tente de mettre au pas les bibliothécaires parisiens
- Pour la formation - comment être autoritaire - , suivez-moi, c'est par là !
- Y aura aussi un module " comment faire une faute politique" ?