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20 décembre 2016 2 20 /12 /décembre /2016 15:40

 

ActuaLitté : le 17 decembre 2016

 

Engagés depuis plusieurs mois dans un bras de fer avec la Mairie de Paris sur les modalités d'ouverture du dimanche et leurs conditions de travail, des bibliothécaires parisiens ont fait grève ce samedi à l'appel des syndicats

 

Rassemblés devant la bibliothèque Parmentier (11e), récemment rouverte au public, puis devant la médiathèque Hélène Berr (12e), qui ouvrira les dimanches à partir du 22 janvier 2017, les bibliothécaires grévistes dénonçaient ensemble « un ras-le-bol ». Le dialogue avec l'administration parisienne à propos de l'ouverture de certains établissements le dimanche reste désormais « sans réponse » selon eux.

 

La mobilisation des personnels a été importante, avec vingt à trente établissements concernés sur la soixantaine que compte le réseau parisien. Buffon (Ve), Arkoun (Ve), Rilke (Ve), Malraux (Ve), Drouot (IXe) Faidherbe (XIe), Parmentier (XIe), Glacière (XIIIe), Italie (XIIIe), Brassens (XIVe), Germaine Tillion (XVIe), Marguerite Durand (XIIIe), Yourcenar (XVe), Colette Vivier (XVIIe) ou encore Rostand (XVIIe) ont été fermés toute la journée, tandis que le service a été interrompu à Villon (Xe), Sagan (Xe), Crimée (XIXe), Duras (XXe) ou Rabier (XIXe). Il ne s'agit pas de la première action concrète pour attirer l'attention sur les conditions de travail des bibliothécaires : le 12 mai dernier, les personnels s'étaient retrouvés dans la cour de l’hôtel d’Albret (IVe arrondissement), qui abrite les services de la direction des Affaires culturelles, pour faire part de leurs revendications.

 

Qui n'ont pas évolué : les personnels déplorent le manque de moyens engagés par la Mairie de Paris pour réaliser « une promesse électorale » d'Anne Hidalgo. « L'administration veut ouvrir de plus en plus, mais sans condition minimum pour le personnel : à Hélène Berr, il n'y aura que sept titulaires pour un établissement sur six étages. En cas d'incendie ou d'incident, ce sont des lecteurs, des personnes non formées, qui devront assurer l'évacuation », souligne une bibliothécaire. « Le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail essaie de faire valoir ces arguments auprès de l'administration, rien n'y fait. » Un gréviste s'interroge : « Et en cas d'attentat ? » Ses collègues le dissuadent d'évoquer de telles situations, extrêmes, mais le risque semble réel.

 

Auprès d'usagers parfois agacés, mais globalement attentifs à leurs revendications, les grévistes expliquent que l'absence de moyens aura aussi un impact sur le service aux usagers. Dès l'annonce de nouvelles ouvertures le dimanche, les personnels et syndicats ont mis en avant les demandes des usagers, qui concernent plutôt les ouvertures en matinées, les lundis ou en nocturne. « Dans les années 1980, les bibliothèques étaient ouvertes tous les jours de 10 heures à 19 heures en semaine, à part le jeudi matin pour une réunion interne, et il y avait une nocturne par semaine », explique une bibliothécaire qui met en avant trente ans d'ancienneté dans le réseau parisien. La fermeture de la bibliothèque Château d'Eau, pendant l'été 2016, a été mal vécue par certains : « Ouvrir plus cet établissement, notamment le lundi, aurait permis d'améliorer le service aux Parisiens. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage », constate cette bibliothécaire.

 

Bibliothécaires en grève à Paris : « C'est un ras-le-bol »

 

« Ouvrir le dimanche, c'est possible dans les pays où l'enveloppe budgétaire pour la culture est plus importante », tranche un gréviste. La promesse électorale d'Anne Hidalgo ne fait pas rêver les personnels, d'autant plus qu'elle prend des tours idéologiques selon certains grévistes. Au sein des élus parisiens, les bibliothécaires reçoivent peu de soutien sur cette question : seuls Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe Communiste-Front de Gauche du Conseil de Paris, et Alexis Corbière, ancien conseiller de Paris et ex-Premier adjoint au maire du xiie arrondissement, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, sont venus écouter les grévistes.

 

« C'est une journée de salaire en moins, mais il faut faire des sacrifices pour pouvoir dire stop », explique un des grévistes présents. L'administration parisienne campe pour le moment sur ses positions, et les effectifs ne sont toujours pas suffisants pour assurer les ouvertures le dimanche, assurent les syndicats. Les personnels réclament également une revalorisation de leur prime, « parmi les plus basses de la ville de Paris alors que nous travaillons jusque 19 heures, le samedi toute la journée et bientôt le dimanche ».

 

Les bibliothécaires s'inquiètent également de la dégradation de leurs conditions de travail et de ses effets sur la santé des personnels : « Une de mes collègues habitant en banlieue éloignée, le train qu'elle emprunte en semaine ne circule pas le dimanche. Elle se débrouille en prenant un car qui l'emmène dans une autre gare, mais ce jour impose aussi une autre organisation : prendre sa voiture personnelle, payer le stationnement, autant de choses qui ne sont pas remboursées. Et si un couple de bibliothécaires travaille le dimanche, il faudra prévoir la garde. Pour beaucoup d'entre nous, le dimanche est le seul jour où il est possible de se voir en famille. »

 

Pour le moment, le travail du dimanche est volontaire, un dimanche sur cinq. Mais ce volontariat lui-même est critiqué : « À partir du moment où l'on travaille dans un établissement qui ouvre le dimanche, il faut travailler ou partir. C'est du volontariat obligatoire, à moins d'une mutation disciplinaire », dénonce un gréviste. Si certains sont résolument contre le travail du dimanche, d'autres déplorent seulement les conditions dans lequel il s'organise. En tout cas, la question divise : à la médiathèque Hélène Berr, l'équipe est partagée sur l'ouverture du dimanche. Pendant les vacances d'hiver, la question est résolue : les bibliothèques ouvertes le dimanche seront fermées ce jour-là. 

 

Lire l'article de ActuaLitté

 

 

        Paris : Nicolas Bonnet et venu soutenir les grévistes devant la bibliothèque Picpus (XIIe)

Bibliothécaires en grève à Paris : « C'est un ras-le-bol »
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