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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 15:59

 

Quand à ceux qui ne viennent plus en bibliothèque ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de « contraintes de temps » dans leur vie personnelle

 

Les bibliothèques ont surgi tout à coup dans la dernière campagne électorale, devenant, un peu à leur corps défendant, l’objet d’une attention soudaine. Qui s’attendait à ce que des candidats pris sous le feu des médias évoquent ce lieu un peu à l’écart de la cohue et des projecteurs ?  À vrai dire, cet intérêt s’est essentiellement focalisé sur un point, celui des horaires d’ouverture. Et cette question n’est pas si nouvelle puisque, dès la fin des années soixante-dix, elle suscite à intervalles réguliers questionnements, rapports, débats et analyses...

 

La France a développé son réseau de bibliothèques publiques très tardivement. Le retard sur les pays anglo-saxons et ceux du nord de l’Europe était criant jusque dans les années quatre-vingt. Mais le rattrapage a été rapide et aujourd’hui notre pays dispose d’un équipement parmi les plus développés d’Europe. On aurait pu s’attendre à une augmentation concomitante du public. Certes, celui-ci s’est accru, mais dans une proportion bien moindre. Surtout, on constate depuis quelques années la stagnation du nombre de lecteurs inscrits. Les causes en sont nombreuses et cette situation ne signifie nullement que le nombre d’usagers est en baisse puisqu’on mesure a contrario une augmentation forte de lecteurs non inscrits (les « séjourneurs »). C’est néanmoins dans ce contexte que la question de la faiblesse des horaires d’ouverture est apparue centrale.

 

La Métropole européenne de Lille a engagé sur ce sujet un travail d’enquête. Le rapport final particulièrement instructif a été rendu en mars 2017. Un échantillon de six bibliothèques ou collectivités a été constitué, représentant un quart de la population métropolitaine. Les enquêtes quantitatives et qualitatives ont été conduites en identifiant trois groupes : les usagers, les non-usagers et les agents. Plus de trois mille usagers au total ont pu donner leur avis sur les horaires et les services. Et c’est majoritairement le créneau 18 h-19 h00, voire 20 h qui apparaît le plus prisé, en particulier le mercredi et le vendredi. « Les usagers jugent que les heures de fermeture du soir sont le plus souvent trop tôt compte tenu de leurs propres emplois du temps (sortie de bureau, après d’autres activités ou la sortie de l’école de leurs enfants...) », note le rapport. « Le mercredi est un jour d’activité pour les enfants, dont certains passent à la bibliothèque ensuite, avec ou sans leurs parents, avant de rentrer à la maison. Le vendredi soir, veille de week-end, est un jour où une grande partie des usagers est moins pressée et peut s’offrir plus facilement du temps pour flâner à la bibliothèque et choisir des documents qu’elle consultera le samedi et le dimanche. »

 

La pause méridienne (12h-14h00) fait aussi l’objet d’une attente notable. Le samedi, l’attente est à peu près égale, quel que soit le créneau horaire, de 9h à 19h. En revanche, la demande d’ouverture le dimanche est de moindre intensité. Qu’en est-il des non-usagers ? Ils sont plus de mille cinq cent à avoir été interrogés et le premier constat, c’est que près de trois sur quatre sont eux-mêmes d’anciens usagers ! Ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de contraintes de temps qu’ils se sont détournés de la bibliothèque... Parmi leurs souhaits, c’est la proximité physique du lieu qui arrive en tête ainsi que le fait de pouvoir accéder à des services en dehors des heures d’ouverture. Ils espèrent aussi une meilleure communication sur les activités et les ressources des bibliothèques.

 

Enfin l’enquête s’est intéressée aux agents des bibliothèques concernés. Le taux de réponse est de 99% ! On a mesuré à la fois leur perception de l’attente du public et la leur. S’ils perçoivent bien les attentes  des usagers (horaires identiques tous les jours d’ouverture, vacances scolaires ou pas, horaires exceptionnels pendant les périodes d’examen, ouverture lors de la pause déjeuner, etc.), Mais quelle est l’attente des agents eux-mêmes ? On peut penser qu’une bonne partie d’entre eux estime que le statu quo est souhaitable ; c’est en tout cas l’opinion majoritaire en ce qui concerne l’ouverture les jours fériés et le dimanche. Les agents pensent en outre qu’il est possible d’améliorer les horaires sans les augmenter, mais en les réaménageant. L’ouverture les jours fériés ou le dimanche n’est pas considérée comme une bonne solution. Il en est de même, pour une éventuelle augmentation des horaires pendant les grandes et petites vacances scolaires (qui est pourtant une demande très forte des usagers).

 

En cas d’extension des horaires d’ouverture hors dimanche et jours fériés, les agents interrogés souhaitent une augmentation du personnel et bénéficier de récupérations ou d’heures supplémentaires. Toutes les autres propositions suscitent des réactions majoritairement négatives (recrutement de bénévoles, ouverture limitée à certains espaces de la bibliothèque, modification des jours de repos sur plusieurs semaines, mobilité au sein du réseau, alternance semaine courte et semaine longue).

 

Publié à l'origine sur le site  ActuaLitté

 

 

 

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Bibliothèques : l'ouverture du dimanche n'est pas une priorité selon une enquête faire auprès des usagers
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