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4 octobre 2024 5 04 /10 /octobre /2024 15:29

 

La Ville de Paris a indiqué aux bibliothécaires devoir « prioriser » les acquisitions prévues cette fin d’année, en raison de dépenses trop importantes début 2024. De quoi susciter l’inquiétude de représentants du secteur.

 

Pourra-t-on trouver le tout dernier album de Lady Gaga ou le nouvel Amélie Nothomb sur les étagères des bibliothèques municipales parisiennes ? La question préoccupe la soixantaine d’établissements publics de la capitale. Depuis mi-septembre, la quasi-totalité des commandes de livres, CD et DVD resteraient bloquées à la case comptabilité.

 

« Nous avons appris que le problème s’était déjà posé en mai pour certains établissements, témoigne Julie* (*les prénoms suivis d’un astérisque ont été changés), bibliothécaire. Maintenant, ça concerne tout le monde. » Un mail envoyé en début de semaine, que Le Parisien a pu consulter, est venu confirmer les rumeurs qui couraient dans les rayonnages depuis la rentrée. « La Ville connaît des contraintes sur l’exécution de son budget 2024, qui conduisent chaque direction et chaque équipement à prioriser ses besoins », écrit Olivier Moriette, sous-directeur de l’éducation artistique et des pratiques culturelles à la municipalité.

 

« On espère que ce n’est que conjoncturel et que ces baisses ne se poursuivront pas en 2025, réagit Amélie*, représentante syndicale de la SUPAP-DAC. Autrement, nous serons dans l’incapacité de renouveler nos collections. Or, quand un client paye 61 euros par an pour avoir des CD et DVD, il est légitime qu’il veuille des nouveautés. » Selon elle, le budget moyen de fin d’année serait entamé de 20 à 30 %. « On n’a encore reçu aucune consigne à ce sujet alors que la clôture budgétaire se fait fin octobre », s’inquiète-t-elle.

 

Les bibliothèques font aujourd’hui face à « une insuffisance de crédits de paiement par rapport aux prévisions d’exécution de la direction des affaires culturelles (DAC), notamment pour l’achat des collections », justifie le mail. La municipalité évoque notamment d’importantes dépenses pour les « nouveaux équipements de lecture publique, tels que la médiathèque James-Baldwin », dans le XIXe, ouverte cet été. Pas de « baisse du budget alloué aux bibliothèques, ni de gel », balaie cependant la municipalité. « L’enveloppe pour les bibliothèques avait légèrement augmenté cette année, au-delà des quatre millions d’euros, ajoute Carine Rolland, adjointe (PS) à la maire de Paris en charge de la culture. Il y a eu beaucoup de dépenses en début d’année ce qui nécessite de les étaler désormais, mais en aucun de les annuler. (…) L’enveloppe est en voie d’être consommée. »

 

 

« Il n’y a pas de rupture dans les commandes, mais une priorisation et un étalement des dépenses sur les derniers mois de l’année, certaines pouvant être décalées en 2025 », précise Olivier Moriette. « Les factures engagées depuis juillet et encore non honorées » doivent être réglées en priorité, pour « soulager les fournisseurs les plus fragiles et éviter des pénalités ». Pour être en mesure de « poursuivre les acquisitions à un niveau compatible avec les crédits encore disponibles », ce dernier promet qu’un « nouveau tableau mis à jour des acquisitions » de chaque bibliothèque sera communiqué dans la semaine. Ce document « servira de base pour déterminer l’enveloppe restante ».

 

 « Ce qu’on comprend, c’est que les caisses sont vides et qu’ils cherchent à économiser de l’argent partout, souffle Julie. Ça concerne tous les services de la Ville, mais la DAC semble particulièrement touchée parce que n’est que de la culture. ». Une information que Patrick Bloche ne confirme pas. « Cette priorisation n’est pas la conséquence d’une baisse budgétaire, assure le premier adjoint à la maire. À ma connaissance, au moins dans mon champ (d’activité), il n’y a pas eu de demande de priorisation », poursuit l’élu, également en charge de la petite enfance.

 

Une hypothèse que réfute la municipalité, qui souligne « l’importance actuelle de la vitalité de l’écosystème des bibliothèques et médiathèques parisiennes » avec ses soixante-neuf équipements répartis sur l’ensemble de la capitale. « En 2023, année record, 5,3 millions de visiteurs se sont rendus dans les bibliothèques et médiathèques pour effectuer 10 millions de prêts », rappelle la Ville. Reste que dans certaines bibliothèques, toujours convalescentes après les confinements liés à la crise sanitaire, « le manque de nouveautés peut entraîner immédiatement une baisse des emprunts », redoute Julie. De quoi « creuser les problèmes de visibilité et d’attractivité » de ces structures, s’inquiète-t-elle.

 

La municipalité maintient de son côté que cet étalement des commandes « n’a pas d’incidence notable sur la qualité et la richesse de l’offre » au sein du réseau des bibliothèques de la Ville. « On nous a dit que les produits les plus attendus comme les livres de la rentrée littéraire devraient être commandés, confirme Amélie. Mais on ne sait pas si on pourra tout avoir. » Les nouvelles perspectives budgétaires pour l’année 2025 seront votées par le Conseil de Paris du mois de décembre, notamment en matière de lecture publique. C’est « l’un des piliers de notre politique culturelle avec des moyens dédiés considérables », vante la Ville de Paris. Elle y alloue aujourd’hui 178,2 millions d’euros.

 

Lire l’article du Parisien

 

 

 

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