Violette Lazard
En revenant au travail la semaine dernière, les agents chargés de surveiller le Petit Palais ont eu une bien mauvaise surprise : pendant le week-end, la plupart de leurs chaises avaient disparu.
Au lieu d'une par personne, voire une pour deux, il n'en reste aujourd'hui plus qu'une pour environ... cinq agents. « La position normale d'activité doit être debout et en état de surveillance active, explique une circulaire, distribuée mardi dernier. La position assise des agents devient ainsi exceptionnelle, réservée à de courts moments de répit entre deux moments de surveillance active. »
Raison invoquée pour justifier cette « disparition » : le manque de vigilance des agents. « Les employés sont chargés à la fois de l'accueil et de la surveillance, explique-t-on à la direction. En ce qui concerne l'accueil, nous avons un très bon retour des visiteurs. Mais pour ce qui est de la sécurité, les agents ne sont pas assez mobiles pour pouvoir surveiller correctement les salles. Il faut donc qu'ils soient plus mobiles... et donc debout. ».10 % souffrent pourtant d'un handicap physique.
Parmi la soixantaine d'agents, dont certains travaillent ici depuis la réouverture du musée il y a presque un an, la nouvelle mesure ne passe pas. « C'est du harcèlement, résume une employée, qui souhaite garder l'anonymat. On ne peut plus s'asseoir, on ne peut plus parler entre nous, et un agent chef passe tous les quarts d'heure pour nous surveiller... Ce n'est pas humain. »
Autre problème de taille évoqué par les employés municipaux : environ 10 % d'entre eux ont bénéficié d'un reclassement et travaillent ici depuis qu'un handicap physique - mal de dos, problème de santé... - les empêche de travailler dans d'autres structures. « Dans mon secteur de surveillance, nous sommes cinq pour une chaise, explique un autre agent. Et trois d'entre nous souffrent d'un handicap. Que dois-je faire : me battre pour m'asseoir la première ? »
Au cabinet de Moïra Guilmart, l'élue (PS) chargée du patrimoine et des musées à la Ville de Paris, on juge la mesure « maladroite » tout en défendant la nécessité de mieux surveiller le musée. Du côté des syndicats, on ne compte pas baisser les bras. Deux d'entre eux, le Supap-FSU et Force ouvrière, ont décidé d'appeler à la grève mercredi 29 novembre.
« Personne ne fera mieux son travail en étant debout et fatigué, explique Bertrand Pieri, de la section culturelle du Supap-FSU. Les agents se sentent déjà dévalorisés, car on leur demande aujourd'hui de faire plus de sécurité que d'accueil. Avec le problème de sous-effectif, leurs conditions de travail sont très difficiles. Et aujourd'hui... les chaises. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. »