Une fuite qui s’explique par des oppositions, désormais déclarées, au sein même de l’administration parisienne par crainte d'aller dans le mur
C’est une véritable petite bombe qui vient d’éclater sur la toile : la mise en ligne, suite à une fuite, d’un long enregistrement de près de treize minutes capté lors d’une réunion de cadre de la direction de la propreté et de l’eau (DPE) de la Ville de Paris, lesquels se lâchent abondamment. D'abord pour dénigrer et se moquer des agents et des organisations syndicales pour ensuite carrément dénoncer les méthodes d'Anne Hidalgo et son équipe qui selon eux vont les amener dans le mur ! Une véritable pépite pour tous les observateurs de l’actualité sociale à Paris.
L’objet de cette réunion ? La mise en place de la loi sur le temps de travail dans la fonction publique territoriale à Paris qui aura pour conséquences outre la perte de plusieurs jours de congés (sous forme de JRTT) mais aussi le chamboulement d'un certain nombre de cycles de travail. Ce qui n’est pas sans inquiéter ces hauts fonctionnaires de la Ville de Paris qui anticipent déjà les difficultés à faire fonctionner les services municipaux sur l’ensemble de l’année notamment en obligeant des agents à….. venir travailler sur leur congés comme l’avoue un des participants ! Une véritable déflagration. Et qui n'était probablement pas prévue à l'origine.
En effet l’application de cette loi va avoir pour conséquence la remise à plat de tous les cycles de travail à la Ville de Paris, des cycles pourtant mis en place pas par hasard car il faut savoir que de nombreux services de la ville fonctionnent sept jours sur sept et trois cent cinquante jours par an (y compris les jours fériés) comme le service du ramassage des poubelles et le nettoyage des rues, les personnels des parcs et jardins, des équipements sportifs ou des personnes en charge de la sécurité sur la voie publique. D’autres services municipaux ouvrent également sur des amplitudes de six jours par semaine comme, entre autres, les mairies d’arrondissements, les bibliothèques, les conservatoires ou encore les musées.
De fait la fuite de cet enregistrement et ensuite posté sur le web montre surtout la crainte de ces cadres parisiens sur ce qui va être à leurs yeux une véritable bombe à retardement social car si la ville de Paris clame « une légère perte de deux jours de congés annuels » ce n’est pas l’avis des participants de cette réunion dont l’un finit par lâcher un « c’est clair, en fait aujourd’hui c’est virtuel, ça ne veut rien dire… le jour où ça va heurter les agents c’est quand on leur donnera leur planning de leur roulement annuel où ils verront quand ils ne seront pas chez eux, quand ils ne pourront plus partir en vacances…..C’est là en fait que ça va les impacter ».
Et ce haut cadre de pointer le cynisme de la mairie de Paris : « C’est toute la stratégie de la DRH….C’est à dire fixer une contrainte que je pense que peu de personne comprennent pour le moment mais qui ensuite à la rentrée (quand vont arriver les premières projections pour l’année prochaine Ndr), direction par direction, on appliquera en fait les cycles contraint par le catalogue de la DRH votée au Conseil de Paris ». Avec nombre de conflit sociaux en vue à la Ville qui retomberait d’abord sur les cadres de terrain. D’où cette fuite organisée ? En effet, le syndicat CGT, qui a mis en ligne l'enregistrement, affirme dans un communiqué que ce dernier lui a été envoyé !
Depuis d’Anne Hidalgo a lancé une chasse à la taupe pour débusquer le traitre à la cause. Faut dire que la transcription de cette réunion pleine de vérité (mais aussi de cynisme) commence à faire tâche pour celle qui s’est autoproclamée future candidate socialiste à la présidentielle sur des valeurs de progrès social. Nul doute d’ailleurs qu’Audrey Pulvar a dû en être révulsée lors de cette écoute, la candidate socialiste pour la région Ile de France au nom d’Anne Hidalgo, étant connu pour sa défense des valeurs de gauche. C’est sûr que le discours de la Ville de Paris en matière sociale n’est pas très fluctuat. Et même carrément mergitur.