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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 16:03

 

Contre toute attente, Sophie Binet a été élue secrétaire générale de la CGT, après une nuit de tractations houleuses, où ont été écartées les deux favorites à la succession de Philippe Martinez. Une mission très compliquée l'attends désormais

C'est un coup de théâtre inattendu dans le monde syndical: Sophie Binet est désormais à la tête de la CGT, prenant la suite de Philippe Martinez. La quadragénaire, jusqu'alors responsable de la Fédération des cadres (Ugict), a été élue vendredi secrétaire générale contre toute attente. Son nom a émergé à l'issue de tractations houleuses lors du 53ème congrès de la CGT, émergeant comme une solution de compromis au milieu du duo des favorites – Marie Buisson, dauphine du sortant Philippe Martinez, et sa chalengeuse Céline Verzeletti.

 

Philippe Martinez soutenait depuis plusieurs mois la candidature de Marie Buisson à sa succession, candidature approuvée par la direction nationale de la CGT. Responsable de la petite Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture (Ferc), Marie Buisson a néanmoins vu sa  « candidature désignée », comme le veut la tradition cégétiste, être fragilisée par sa relative discrétion et ses prises de position écologistes, qui lui ont valu la méfiance de certaines branches industrielles et énergétiques. 

 

De quoi laisser affleurer ces dernières semaines le nom de Céline Verzeletti comme alternative non-officielle. Plusieurs puissantes fédérations de la CGT, dont celle des Mines-Énergie, mènent une fronde contre la direction sortante en soutenant la candidature de la co-secrétaire général de l'Union fédérale des syndicats de l'Etat (UFSE), l'estimant plus à même de rassembler l'organisation que Marie Buisson, et surtout plus proche des opposants de Philippe Martinez au sein de la direction de la CGT. Sans oublier Olivier Mateu, secrétaire général départemental des Bouches-du-Rhône connu pour son positionnement radical, qui se porte candidat en son nom. 

 

Grevé par les désaccords, le congrès de la CGT s'est ouvert lundi dans une atmosphère très tendue, avec une succession de prises de parole hostiles à la direction sortante. Événement sans précédent dans l'histoire cégétiste, le rapport d'activité de cette dernière à été rejeté à 50,32% par les congressistes, un désaveu pour Philippe Martinez et une faille supplémentaire dans la candidature de Marie Buisson. Un vote allant dans le sens de la sortie de la CGT du collectif écologiste « Plus jamais ça » a été un autre feu rouge deux jours plus tard – Marie Buisson ayant représenté la CGT lors de la fondation de ce collectif en mars 2020.

 

Étape préalable, la liste de la soixantaine de membres de la Commission exécutive confédérale (CEC) de la CGT est approuvée jeudi par le Comité confédéral national, le « parlement » de l'organisation réunissant les secrétaires généraux des 29 fédérations et des 96 unions départementales. Pour intégrer la liste, il faut obtenir plus de 50% des voix, ce qui n'a pas été le cas d'Olivier Mateu, lui barrant la route pour le secrétariat général. Marie Buisson, elle, a obtenu un faible soutien de 57,23%, rapportent Les Échos

 

Tout s'est véritablement joué en une douzaine d'heures dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsque la nouvelle CEC a commencé ses travaux. Marie Buisson a mis sur la table une équipe dirigeante, avec elle-même au poste de secrétaire général, mais la proposition est rejeté par le CCN à deux voix près semble-t-il. Les membres de la CEC se sont donc réunis à nouveau, envisageant cette fois-ci une solution autour de Céline Verzeletti mais ne parviennent pas à se mettre d'accord, les partisans de Marie Buisson y étant farouchement opposés. Marie Buisson a alors proposé une nouvelle équipe autour d'elle, sans y parvenir. L'impasse....

 

C'est dans ce contexte de difficiles tractations qu'une troisième voie s'est tracée. Le nom de Sophie Binet avait été évoqué à quelques reprises ces derniers mois, sans toutefois apparaître comme une option solide ou ne susciter d'élan partisan mais face à l'inflexion des pro-Buisson et des pro-Verzeletti, la CEC propose alors une direction articulée autour de Sophie Binet au secrétariat général, y voyant un bon compromis entre les différentes lignes qui fracturent la CGT. Un pari gagnant puisque Sophie Binet est rapidement élue par le CCN après sa désignation.

 

Candidate « par défaut » selon certains, elle aura par conséquent la lourde tâche de recoller les morceaux d'une CGT profondément divisée. Une mission qui risque d’être très compliquée. D’autant qu’elle représente l’aile « réformatrice » du syndicat  dont certains thèmes comme le rapprochement avec la FSU et Solidaire ou encore la participation au collectif écolo « Plus jamais ça » ont été balayé par le congrès.

Or le nouveau bureau confédéral qui fait un peu office de « gouvernement » ne va sûrement pas partager cette option « réformatrice » ou « sociétale » puisque composé de plusieurs membres de « l’aile dure » dont Laurent Brun, patron des cheminots, désigné comme le « numéro deux » de l’organisation, Céline Verzelletti ou encore Sébastien Menesplier, de la fédé de l’énergie, tous farouchement opposé lors du congrès à la « ligne Martinez ». Bref les réunions risquent d'êtres assez animées. En toute camaraderie bien sûr.

 

 

 

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