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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 16:08

 

C'est peu dire que la réponse de la Ville de Paris a surpris pour le moins, tous les professionnels du secteur. Pour dénoncer ce discours, les syndicats appellent à une mobilisation le jeudi 10 octobre.

 

Les bibliothécaires de la Ville de Paris avaient sonné l'alerte lors d'une réunion organisée par les syndicats : toutes les commandes sont bloquées depuis juillet. Pire, les factures auprès des fournisseurs ne seraient plus payées depuis plusieurs semaines. Information confirmée par l'administration parisienne dans le journal Le Parisien : « Les factures engagées depuis juillet et encore non honorées » doivent être réglées en priorité, pour « soulager les fournisseurs les plus fragiles et éviter des pénalités ». Ce qui signifie que ce n'était pas encore le cas au mois d'octobre.

 

Quant aux crédits gelés pour toutes les bibliothèques parisiennes, là encore cette nouvelle a été confirmée par la mairie de Paris à Livres-Hebdo et au Parisien : « Les bibliothèques font aujourd’hui face à « une insuffisance de crédits de paiement par rapport aux prévisions d’exécution de la direction des affaires culturelles (DAC), notamment pour l’achat des collections » déclarait ainsi un haut fonctionnaire de la Ville. Avec pour corollaire une absence de nouveautés pour au moins neuf mois (de juillet à mars date du prochain exercice budgétaire).

 

Pour expliquer cette « faillite » la Ville se retranche derrière la construction...d'un nouvel établissement pourtant programmée il y a dix ans.  La municipalité évoque notamment d’importantes dépenses pour les « nouveaux équipements de lecture publique, tels que la médiathèque James-Baldwin », dans le XIXe, ouverte cet été » peut-on lire dans Le Parisien.

 

Cette communication n'est évidemment pas du goût des agents du secteur culturel qui sont par ailleurs les parents pauvres de la municipalité parisienne avec les primes les plus basses de toute la collectivité. C'est pourquoi les syndicats Supap-FSU, CGT et Force Ouvrière appellent à une mobilisation pour interpeller l'administration parisienne, le jeudi 10 octobre devant la médiathèque Hélène-Berr (XIIe) où est organisé un grand symposium des directeurs des bibliothèques de la capitale (Iire ici).

 

Dernière minute : l'administration (face au risque?) a décidé d'annuler purement et simplement ce symposium. Les syndicats appellent pour le même jour, en lieu et place, à un rassemblement au siège de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris dans le quartier du Marais.

 

 

 

                                       Crise dans les bibliothèques : La Mairie de Paris connait ses classiques....

 

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22 août 2024 4 22 /08 /août /2024 12:54

 

La section discothèque a perdu une grande partie de ses collections et il y en aurait pour un million de travaux minimum

 

« En raison des suites d'un incendie, l'espace Musique Cinéma, la salle d'étude, le piano et la salle d'animation ne sont pas accessibles pour le moment », c’est le message posté il y a une semaine sur le site officiel de la bibliothèque André Chedid située dans le quartier de Beaugrenelle dans le XVème arrondissement. 

L’origine du sinistre est dû à un incendie dans les habitations au-dessus de la bibliothèque et l’intervention des pompiers, comme souvent dans pareils cas, a fait que des centaines de milliers de litres d’eau ont traversé le plafond de la section musique selon un post de la bibliothèque publié sur Facebook. Pas très fluctuat !

D’après nos informations, une partie très importante du fonds de la discothèque a été détruite et seulement quelques documents ont pu être sauvés des dégâts. Sacrément mergitur.  Et ceci à une période où l'avenir de la musique en bibliothèque interpelle les professionnels du réseau parisien (voir ici).

Selon les mêmes sources, la réhabilitation des locaux de la bibliothèque Andrée Chedid pourrait déjà se chiffrer à un million d’euros. Et ces derniers ne commenceraient pas avant le début de l'année prochaine, au plus tôt, au regard de la procédure sur les marchés publics à laquelle est contrainte l'administration parisienne. Durant ses longs mois, le futur de la section discothèque pourrait bien être remis en question. A l'instar de la fermeture déjà programée de la section musique de la bibliothèque de la Place d'Italie (XIIIe) ?

 

 

La section musique de la bibliothèque Chedid après l'intervention des pompiers

La section musique de la bibliothèque Chedid après l'intervention des pompiers

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13 janvier 2023 5 13 /01 /janvier /2023 16:21

 

Comme les livres, quoi....

 

« Ah bon, c’est payant ? Dans ce cas je renonce à m’inscrire ». C’est la litanie qu’entendent quotidiennement les discothécaires de la Ville de Paris qui exercent dans les vingt (chiffres indicatif) bibliothèques municipales de la capitale qui abritent encore des collections de phonogrammes (en majorité sous forme de Compact Disc mais aussi en vinyle). Car oui, si les bibliothèques de la Ville de Paris sont gratuites, c’est, pour les adultes, uniquement pour les collections imprimées car pour emprunter de la musique il faut débourser la somme de 30,50 euros. Une pratique dénoncée jusque dans un rapport commandé par….. la mairie de Paris elle-même !

« Il est incompréhensible de voir coexister dans un même lieu des documents gratuits d’un côté (des livres) et payants de l’autre (des CD ou des DVD) » pointait ce rapport rédigé en 2015 par Gilles Rettel. Il est vrai que cette différence de traitement entre supports documentaires porteurs d’une mission commune de diffusion culturelle ne se justifie en aucune façon. Il ne faut pas abandonner le prêt physique » car le CD (ou le vinyle) a « un impact sensitif » rappelle encore Giles Rettel pour qui « la dématérialisation est un mythe ». D’ailleurs, la production de disque reste encore plutôt élevée dans l’industrie de la musique avec ses milliers de parutions mensuelles, tous genres confondus, disponible en magasin ou sur les sites des musiciens et des maisons de disques.

Une position reprise par l’Association pour la coopération des professionnels de l’information musicale (ACIM) laquelle avait publié le manifeste la musique a toute sa place en bibliothèque pour réaffirmer le rôle prépondérant des médiathèques dans le développement de l’éducation et de la culture musicale de tous les publics, et notamment des nouvelles générations laquelle passe donc par la gratuité de l’abonnement pour emprunter dans les sections discothèques des bibliothèque de la capitale

Si la mairie de Paris pourra rétorquer qu’elle a exonéré de cet abonnement les mineurs et les adultes aux minima sociaux, elle oubliera en revanche de préciser que ce système a été totalement détourné de son objet initial. En effet, il est très fréquent de voir des CSP+ qui en ont les moyens emprunter des documents sonores (et aussi des DVD) gratuitement avec la carte de leurs enfants mineurs après les avoir inscrit avec un accès « tout documents adultes ». Finalement les seuls qui doivent continuer à payer pour emprunter de la musique (ou des DVD), car ne pouvant pas trouver d'artifice, sont les usagers majeurs sans enfants qui déclarent un revenu à partir du SMIC ce qui exclue de fait la grande majorité des publics précaires. Où sont les chômeurs, où sont les actifs à bas salaires, où sont les étudiants de  plus de dix-huit ans pour ne citer qu’eux ?

C’est pourquoi nous, professionnels des bibliothèques parisiennes, demandons à nouveau que la mairie de Paris instaure la gratuité de tous les supports musicaux, comme pour les collections imprimées, à tous les usagers sans distinction, pour permettre un véritable accès à la culture et une véritable égalité de traitement. De nombreuses collectivités ont déjà fait le choix de donner gratuitement accès à l’ensemble de leurs collections, sans distinctions, et parmi elles plusieurs grandes villes de province : qu’il s’agisse de Lille, Nantes, Rennes, Bordeaux, Aix-en-Provence ou Marseille, toutes se sont montrées plus ambitieuses ; la capitale peut-elle demeurer à l’arrière-garde ?

 

Premiers signataires (par ordre alphabétique) : Jeanne Ahdab (François Villon-Xe), Ismène Alessandri (MMP-Paris Centre), Nicolas Almimoff (Jacqueline de Romilly-XVIIIe), Sofia Arpal-Moya(Marguerite Duras-XXe), Abdoulaye Barry (Marguerite Duras-XXe), Florent Belser (MMP-Paris Centre), Maïlys Bion (Marguerite Audoux-IIIe), David Bonilla (Hergé-XIXe), Marielle Bonnabé (Oscar Wilde-XXe), Emilie Boulet (Marguerite Audoux), Jean-Luc Bourel (François Villon-Xe), Françoise Boyer (Buffon-Ve), Marie-Caroline Bretillot (Bibliothèque CDML-Ve), Carole Castéra-Tordet (André Malraux-VIe), Aurélia Collot (Françoise Sagan-Xe), Sibylle Cosson (Buffon-Ve), Thierry Chompré (Marguerite Yourcenar-XVe), Eric Cuisset (Italie-XIIIe), Marc Delbos (MMP-Paris Centre), Samuel Desprez (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Djamila Derni (Buffon-Ve), Lorraine Deroin (Goutte-d'Or-XVIIIe), Louis Desplechin (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Patrick Doncourt-Bandelier (Françoise Sagan-Xe), Solène Dubois (Buffon-Ve), Hervé Duret (Hélène Berr-XIIe), Patrick Engel (Valeyre-IXe), Pascal Faivre (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Sébastien Fauque (MMP-Paris Centre), Victor Fouquoire (Germaine Tillion-XVIe), Thomas Frot (Hélène-Berr-XIIe), Yolande Garrido (Violette Leduc-XIe), Agathe Gucciardi (André Malraux-VIe), Gaëtan Hachette (Bibliothèque Hélène Berr-XIIe), Didier Hamon (Place des Fêtes-XIXe), Sandrine Haon (Marguerite Duras-XXe), Neil Hercberg (Georges Brassens-XIVe), Fabrice Lafay-Sorel (Germaine Tillion-XVIe), Marc Lagrange (MMP-Paris Centre), Thierry Lajeunesse (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Laudine Lemancel (MMP-Paris-Centre), Blandine lemoine (Violette Leduc-XIe), Frédérique Lemoine (Gutenberg-XVe), Christophe Libouban (Buffon-Ve), Myriam Lomet (Jean-Pierre Melvile-XIIIe), Sophie Luis (Buffon-Ve), Bruno Martin (Italie-XIIIe), François Mary (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Maxime Milliet (André Malraux-VIe), Laure Montardy (Buffon-Ve), Cécile Morin (Marguerite Duras-XXe), Karim Moussa (Marguerite Duras-XXe), Céline Muller (Buffon-Ve), Edouard Palis (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Elisenda Panadés Inglés (Naguib Mahfouz XXe), Gabrielle Panetrat (MMP-Paris Centre), Catherine Pecassou (Italie-XIIIe), Jean-Claude Peralba (MMP Paris-Centre), Bertrand Pieri (MMP-Paris Centre), Luc Pierin (Marguerite Duras-XXe), Victor Popovic (Oscar-Wilde-XXe), Véronique Portefaix (Marguerite Duras-XXe), Laura Puget (Oscar Wilde-XXe), Freddy Rasolofo (André Malraux-VIe), Carine Robieu (Hergé-XIXe), Linnea Rönnholm (Marguerite Duras-XXe), Rémi Sanchiz (Mohamed Arkoun-Ve), Sylvie Saouma (Helène Berr-XIIe)), Mietek Stanuch (Germaine Tillion-XVIe), Aurélien Stiegler (Batignolles-XVIIe), Jean-Pierre Sutra-Fourcade (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Maxime Torté (Germaine Tillion-XVIe), Josée Van Themsche (Germaine Tillion-XVIe), Nicolas Trompette (Violette Leduc-XIe), André Vestry (Violette Leduc-XIe), Mirta Villablanca (Buffon-Ve), Mathieu Villard (Robert Sabatier-XVIIIe). Et aussi en dehors de la Ville de Paris : Marine Cantournet (Médiathèque du Bassin d'Aurillac-Cantal)

Pour signer le texte écrire en envoyant vos noms à l'adresse courriel suivante : socialnecmergitur@yahoo.fr (si vous n'arriver pas à nous écrire, vous pouvez signer en laissant un message dans la rubrique commentaire)

 

 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 12:59

 

« J’ai découvert ce métier dans un centre d’orientation, après l’armée. Ce qui m’a attiré, c’est de pouvoir mettre un pied dans la culture tout en faisant de l’opérationnel », a-t-il déclaré dans une interview à la presse

 

Le réseau des bibliothèques parisiennes, un des plus importants au monde avec ses soixante-cinq établissements, a un nouveau directeur : Jean-Arthur Creff. Si ce dernier, qui a le grade de conservateur en chef, a eu d’abord un parcours des plus classiques en passant par la Bibliothèque nationale, le ministère de la Culture ou encore la bibliothèque du centre Pompidou, force est de noter qu’il a eu une affectation des plus surprenantes avant de prendre en 2019 la tête des bibliothèques de Colmar (Haut-Rhin). Rien moins.... qu’à l’OTAN !

Une info qui a eu de quoi surprendre lors de son arrivée en Alsace puisque dans une interview à la presse régionale, il a dû avouer « avoir découvert ce métier dans un centre d’orientation, après l’armée. Ce qui m’a attiré, c’est de pouvoir mettre un pied dans la culture tout en faisant de l’opérationnel » (lire ici). Bon, en ce qui concerne l’OTAN ce n’était bien sûr.... que la bibliothèque ! Et oui, étonnant mais il existe bien ce type de lieu dans ce genre d'endroit, réservé toutefois aux militaires otaniens et quelques chercheurs en géopolitique triés sur volet. Même si dans une interview au site officiel de l’organisation du traité de l'atlantique nord Jean-Arthur Creff s’étonnait « que des lecteurs arrivent et me demandent où sont les bandes dessinées... ou où sont les romans... alors que, bon, c'est quand même une bibliothèque purement scientifique ». Pas très fluctuat

Ceci dit, dans cette même interview on en apprend aussi de belles sur le fait que n’importe qui puisse entrer dans un des bâtiments les plus sécurisés de la planète car d’après Jean-Arthur Creff dans cette bibliothèque, située il faut rappeler au siège même de l’organisation militaire à Bruxelles, on pouvait y croiser « les habituels lecteurs qui s'endorment, ceux qui ne sortent pas de la bibliothèque quand on la ferme, qui y restent donc enfermés. Il nous est -même arrivé de fermer la bibliothèque et de nous apercevoir ensuite qu'un lecteur était resté à l'intérieur ». Du pur mergitur….

 

            

                               Jean-Arthur Creff, le nouveau patron des bibliothèques parisiennes

                                                               - Gaaaaarde à vous !

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 09:43

 

Dans une tribune, un bibliothécaire parisien qui travaille dans le nord de la capitale dresse un constat cinglant de la politique appliquée par Anne Hidalgo et son équipe dans les lieux de culture pour les publics le plus précaires et les personnels de bibliothèque

 

C’est une tribune d'un très argumentée sur l’application du passe sanitaire dans les bibliothèques de la capitale. Un texte, s’il est d’origine parisienne (l’auteur travaille dans la XVIIIe arrondissement dans un établissement situé dans un quartier politique de la Ville) et fait référence à la politique appliquée par Anne Hidalgo et son équipe en la matière, va évidemment bien au-delà du périphérique sur les conséquences de l'instauration de cette mesure dans les lieux de culture pour les publics le plus précaires et les personnels de bibliothèque. Le voici dans son intégralité.

 

« Depuis le 21 juillet 2021, l'autorité municipale de la ville de Paris impose la présentation du passe sanitaire à tous les usagers de plus de dix huit ans pour accéder à ses bibliothèques. Dès le 30 septembre prochain, le passe sanitaire sera aussi exigé dès l'âge de douze ans pour accéder aux bibliothèques de la ville. Quelles impactes, cette obligation du passe sanitaire, plus de la vérification d'identité, y compris dès douze ans, ont déjà sur les usagers et les personnels de bibliothèque ?

 

Posons-nous deux questions à la date d'aujourd'hui, celle du 5 août  2021. Quel type de public l'imposition de ce passe sanitaire exclut-il réellement ? Qui est chargé du contrôle de ce passe sanitaire à l'entrée des bibliothèques de Paris ? Quel type de public l'imposition de ce passe sanitaire exclut-il réellement ? Pour tenter d'explorer cette première interrogation, intéressons-nous aux personnes précaires, de tous les âges : des sans domicile fixe (SDF), des sans-papiers, des mineurs isolés, des femmes seules avec ou sans enfants, liste non exhaustive... Elles et ils fréquentent en nombre les bibliothèques à Paris. Pourquoi ? Parce qu'elles y trouvent un lieu gratuit où elles peuvent aller sur internet, pas pour y jouer, mais pour y réaliser notamment diverses démarches administratives, pour chercher un lieu où manger, où dormir.

 

Comme les services d'urgence des hôpitaux, les bibliothèques de Paris font partie des derniers services publics où ces personnes trouvent un moment de paix, un moment d'écoute, même silencieuse. De plus, les bibliothèques de Paris ont aussi la mission d'aller vers ces publics dit « éloignés », selon le jargon administratif. La campagne de vaccination contre le Covid-19 a jusqu'à présent laissé au bord de la route ces personnes. « Force est de constater que la carte du décrochage vaccinal est aujourd’hui un quasi-décalque de la carte des inégalités socioéconomiques », soulignait le président (socialiste) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, dans un entretien au journal Le Monde. N'en est-il pas de même à Paris ?

 

Beaucoup de personnes précaires n'ont même pas un compte AMELI, seul moyen de télécharger le précieux passe sanitaire. Se contenter de leur indiquer « des adresses » d'associations qui pourraient les aider ne suffit pas, c'est même dans la plupart des cas un pansement sur une jambe de bois. Non pas que ces associations soient incompétentes, bien au contraire, mais que la confiance est à construire. Une personne à la rue lutte heure après heure pour sa survie, mais également pour garder sa dignité. C'est un travail de patience, d'écoute, de présence, à long et moyen terme qu'il est nécessaire d'engager avec elle. La confiance ne se décrète pas, elle se construit. L'instauration brutale de l'obligation de présenter un passe sanitaire valide pour entrer dans une bibliothèque de la ville de Paris, c'est retirer encore un peu plus de dignité aux personnes à la rue et aux citoyens les plus précaires.

 

Voici un exemple de la fracture numérique, même en plein Paris, pourtant ville Capitale si bien connectée : « Peu de personnes sans domicile fixe disposent d’un smartphone pour prendre rendez vous en ligne ou conserver un code QR » témoigne Guillemette Soucachet, de Médecins du monde Île-de-France. D'autre part, une défiance plus grande des classes populaires existe vis-à-vis des vaccins, une hostilité qui « prend racine dans les expériences de discriminations face au système de santé, qu’on a soi-même vécues ou que des proches ont vécues » analyse la sociologue Nathalie Bajos.

 

 

 

 

Dramatiquement, les populations les plus défavorisées — qui sont donc le moins vaccinées — sont aussi les plus touchées par le Covid-19, montraient des chercheuses de l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 2020. Dès le 1er août prochain, les personnes à la rue non vaccinées n'ont plus accès aux structures médico-sociales — accueils de jour, hôpitaux — qui les accompagnaient jusqu’alors, plus d'accès également aux cafés où elles pouvaient y prendre une boisson chaude et réaliser une toilette sommaire dans un lavabo. Depuis le 21 juillet, les portes des bibliothèques de Paris sont aussi fermées à ces personnes. Pourquoi les priver aussi de ce service public essentiel : la culture ?

 

Dès la rentrée scolaire prochaine, (sauf si cette décision est invalidée entre-temps, notamment par le Conseil Constitutionnel), si un cas positif au Covid-19 est détecté dans une classe, dès onze ans les enfants non totalement vaccinés avec deux doses seront renvoyés chez eux, précisément exclus de leur école pour dix jours. Le gouvernement précise qu'ils pourront suivre leurs cours à distance. Vu les nombreux facteurs, comme la surcharge de travail des enseignants, les logements exigus, la fracture numérique, l'impossibilité de trouver un endroit calme, serein et connecté pour travailler, ces jeunes seront tout simplement à la rue et livrés à eux-même durant la journée. Pourquoi ? Parce qu'ils auront aussi l'interdiction d'entrer dans les bibliothèques de la Capitale, cela dès le 30 septembre prochain. Ce sera pour ces enfants le décrochage scolaire assuré, mais ne pouvons-nous pas encore l'éviter ?

 

Dans ce contexte, la mise en place brutale du passe sanitaire inflige une double peine aux personnes les plus précaires, et notamment aux plus jeunes, aux enfants. Pour rappel, la France a franchi la barre des dix millions de pauvres en 2020, selon les chiffres de l'INSEE. La pauvreté augmente de manière alarmante sur l'ensemble du pays, y compris à Paris. Le 20 novembre 2021 est la journée internationale des droits de l'enfant. Dans les activités, animations proposées, les bibliothécaires devront-ils exclure les enfants et adolescents non totalement vaccinés ? Continuer ainsi de leur fermer les portes des bibliothèques de la ville de Paris ?

 

Maintenant, demandons-nous : qui est chargé du contrôle de ce passe sanitaire à l'entrée des bibliothèques de Paris ? Ce sont les bibliothécaires. La question n'est plus de savoir si elles ou ils sont habilités à exercer ce contrôle, contrôle qui exige aussi de l'usager de décliner son identité, comme face à la police. Mais la question est de savoir si cette nouvelle obligation n'est pas une confusion des rôles, précisément une rupture profonde de la confiance entre l'usager et le bibliothécaire ? Des incidents graves ont déjà eu lieu à Paris. Peut-être vont-ils se multiplier ou non ? Porter plainte, en cas d'agression est légitime. Mais dans cette situation, n'est-ce pas le délit qui est provoqué par l'obligation de « décliner son identité », en plus de montrer son passe sanitaire ? Malgré eux, les bibliothécaires parisiens se retrouvent dans un rôle qui attise les tensions, alors que leur métier n'est-il pas de porter la culture ? La vocation d'un bibliothécaire, d'un médiateur culturel ou scientifique n'est pas « surveiller et punir » pour paraphraser Michel Foucault.

 

L'urgence reste la vaccination volontaire de toutes et de tous, le médiateur, le bibliothécaire à travers son métier a la légitimité de provoquer le dialogue pour casser les fake news, cela in situ et hors les murs de nos bibliothèques. Pourquoi l'obliger à abandonner ce rôle, en le transformant en contrôleur de passe sanitaire et d'identité ? D'autres villes comme Rouen ont fait un autre choix, comme limiter l'accès de toutes leurs bibliothèques à une jauge de moins de cinquante personnes. Aucun « incident » avec un usager n'y a été constaté en lien avec le passe sanitaire, le travail d'action culturelle, l’accueil des publics les plus précaires s'y poursuit sans conflits notables.

 

A Paris, pourquoi le dialogue, si cher pourtant à la mandature actuelle, n'a-t-il pas été enclenché par la municipalité, aussi bien avec la population qu'avec les bibliothécaires ? Le bibliothécaire n'est pas un extra-terrestre, mais un acteur de la Cité, un médiateur qui amène vers l'Agora. Préférons-nous baisser les bras et laisser notre place aux complotistes qui pullulent sur le Web ? Puisque qu'à ces publics dit précaires, les portes des bibliothèques parisiennes et d'ailleurs malheureusement leur ont été fermées avec brutalité. Il est urgent de poser la controverse de l'obligation du passe sanitaire dans les bibliothèques sur la place publique, d'organiser le débat pour prendre ensemble et démocratiquement les décisions nécessaires et justes. Plutôt que porter plainte, portons la culture ! »

 

 

 

 

 

Sources pour rédiger cet article : Journal Le Monde, INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), INDED (Institut national d'étude de la démographie), ARS (Agence Régional de santé Île de France), ATD Quart-Monde, Médecin du Monde, Direction culturelle de la ville de Rouen, Site officiel de la Ville de Paris, Le journal « Reporterre Le quotidien de l'écologie » ( ce n'est pas un site complotiste!)

 

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17 juin 2021 4 17 /06 /juin /2021 17:12

 

C’est que les codes-barres, nécessaires pour la mise en rayon, sont au bout du rouleau !

 

Les bibliothèques municipales parisiennes vont elles bientôt être contraintes de ne plus pouvoir mettre de nouveautés dans leurs rayonnages ? Ce cas de figure qui ridiculiserait la capitale de la sixième puissance mondiale est en tout cas pris très au sérieux parmi les cadres de la direction des affaires culturelles de la Ville de Paris.

 

C’est que l’affaire semble incroyable. En effet les bibliothèques de la capitale vont bientôt être en rupture de…..codes-barres ! Or ces petits objets autocollants livrés par milliers dans des rouleaux sont essentiels dans la chaine de traitement du document (livres, CD, DVD, magazines….) avant d’être mis à la disposition du public. Sauf que les établissements n’ont plus été livrés depuis le mois de novembre dernier, il y a maintenant huit mois et les codes-barres (comme les personnels) sont maintenant au bout du rouleau.

 

Selon une note de l’administration destinée aux cadres le problème est identifié : « cela fait suite à deux disfonctionnements rencontrés avec notre fournisseur. Le premier disfonctionnement remonte au mois de novembre avec la fourniture de codes  à barres dont la clef était absente après lecture de celui-ci ». En gros il manquait des chiffres ! Pas très fluctuat.  Et de poursuivre : « nous avons donc demandé au prestataire une reprise de la production ce qu’il a fait mais sur cette nouvelle série nous rencontrons un nouveau problème qui cette fois ci est la non reconnaissance des codes à barres par V smart, le logiciel qui équipe les bornes de prêt et de retour dans les bibliothèques ». Du pur mergitur !

 

Et la note de conclure : « l’origine de ces différents problèmes serait la défaillance du fichier générant les codes à barres notre fournisseur pense pouvoir résoudre ce problème pour demain. Dans ce cas de figure nous pourrons recevoir une nouvelle production d’ici un mois ». Sauf que le « un mois » c’était il y a bien longtemps puisque la dite note a été envoyée en janvier dernier. Probablement que le fournisseur a dû rencontrer un troisième bug depuis car les établissements n’ont toujours rien reçu ! Une situation qui provoque l'ironie chez les personnels : « on voudrait l'inventer qu'on pourrait pas » nous a ainsi avoué un bibliothécaire parisien.

 

 

 

 

 

                                                              Paris : la bibliothèque du futur ?

 

 

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 10:35

 

Encore un autre territoire que nos célèbres touristes ne sont pas allés visiter

 

« Pour la première fois, pendant les vacances de février, des médiathèques ont fermé faute de personnel, comme ça a été le cas à la médiathèque Aimé Césaire de Roissy-en-Brie ». C’est le cri d’alarme lancé par  Manolis Picault, le secrétaire général de la CGT de Paris-Vallée de la Marne, une agglomération qui regroupe douze communes de  Seine-et Marne (Brou-sur-Chantereine, Croissy-Beaubourg, Pontault-Combault, Champs-sur-Marne, Émerainville, Roissy-en-Brie, Chelles, Lognes, Torcy, Courtry, Noisiel, Vaires-sur-Marne). Encore un autre territoire que nos célèbres touristes Erik Orsenna et Noël Corbin ne sont pas allés visiter.

De fait, la situation est tellement catastrophique dans les quatorze médiathèques de la région que les personnels ont décidé de se mettre en grève pour plusieurs semaines à l’appel de la CGT et de la CFDT. Ce mouvement qui a commencé à la mi-mars doit en effet courir jusqu’au 14 avril pour des bibliothécaires qui dénoncent « le problème des sous-effectifs qui dure depuis le début de l’année 2017 » et les empêche de mener à bien leurs missions. Une histoire bien connue malheureusement des observateurs de la lecture publique (sauf peut être par quelques académiciens en goguette).

D’ailleurs chose rare, le sous effectif est confirmé par les élus eux-mêmes puisque Paul Miguel, le président socialiste de l’agglomération confirme au quotidien Le Parisien « qu’au 1er janvier 2018, sur un effectif de 112 agents travaillant dans le secteur des médiathèques, cinq postes permanents n’ont pas fait l’objet, à ce jour, d’un remplacement ». Il explique que « ces non-remplacements contribuent à l’optimisation de la masse salariale que nous sommes contraints de réaliser », citant ainsi la baisse des recettes et « un pacte financier signé avec l’État qui limite drastiquement nos dépenses de fonctionnement ». Comme dirait l’autre, « bienvenue au pays des bibliothèques »…

On doute néanmoins que la réponse de l’édile soit de nature à apaiser la colère des bibliothécaires de Seine-et-Marne. Ces derniers continuent donc leur mouvement de grève. Déjà les établissements ont dû fermer deux fois au mois de mars. Et pour avril de nouvelles perturbations sont à prévoir selon la presse locale qui annonce des fermetures partielles sur des demi-journées qui seraient appliquées le mercredi et le samedi dans la plupart des cas et ceci « afin de ne pas pénaliser les scolaires » précisent les bibliothécaires. Du côté de l'agglo on a déjà pris les devants en annonçant que  « le public ne devra pas se fier aux horaires d’ouverture habituels ». Pour toutes infos complémentaire, cliquez là.

Publié également sur Miroir Social

 

Bibliothèques en grève : Orsenna tente de convaincre Corbin à faire une petite visite en Seine-Et-Marne

                                      - Bon, je vois que pendant que ça brûle il regarde ailleurs....

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 08:13

 

« Cette journée sera composée, n’en doutons pas, de personnes qui n’assurent strictement jamais de service public en bibliothèque et qui, comme ici, n’ont aucune idée de notre quotidien » prévoit d'ailleurs malicieuse une bibliothécaire

 

La publication du rapport Orsenna autour de la lecture publique a fait couler une peu d'encre dans les médias. Mais quelques bonnes intentions ne peuvent masquer ni la politique d'austérité du gouvernement, qui détruit la lecture publique, ni les dangers de certaines propositions. Nous sommes bien loin d'une politique publique digne de ce nom et financée... Car il n'y a qu'un seul crédo pour notre académicien : « Ouvrir le soir et le dimanche, avec des budgets réduits, des contrats aidés et des étudiants ». Et oui, voilà quand même en gros ce que propose ce fameux rapport. Et encore faut-t-il, toujours selon Erik Orsenna, que l’État  « accompagne financièrement » la mise en œuvre de ces objectifs. C’est-à-dire l’augmentation de huit malheureux petits millions d’euros de la dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques pour les cinq années à venir. Mais à condition seulement de « soutenir 200 projets d’extension d’horaires ». Il s'agit donc de ne financer que l'extension horaire alors que tous les budgets baissent... Jusqu’à la crise que subissent nombre de nos collègues partout en France.

 

Ainsi, sous le coup de restrictions de dotation, de nombreuses collectivités sont asphyxiées, réduisent leur budgets culturel et, à certains endroits, ferment des bibliothèques (Grenoble, Levallois-Perret...). A Brest, Metz, Rouen, Marseille, Laval, Saint-Malo, Caen, Saint-Quentin-en Yvelines, Lyon, Nantes, les bibliothécaires dénoncent la baisse des moyens permettant d’exercer correctement leurs missions. La situation devrait encore s’aggraver alors que l’État doit réduire de 120 milliards d'euros la dotation aux collectivités locales d’ici la fin du quinquennat ! Pour les bibliothèques départementales de prêt s'ajoutent aussi la métropolisation et la fin des départements... Dans ce contexte de désengagement de l’État, le rapport envisage « la mutualisation de locaux et de personnels d’accueil » entre les bibliothèques et les agences postales, le recours accru aux étudiants et aux contrats aidés, « chaînon indispensable entre les professionnels et les bénévoles ». Dans de nombreuses communes les ouvertures le dimanche se sont faites contre l'avis des équipes et sans création de postes.

 

De son côté la ministère de la Culture persiste dans  la provocation auprès des personnels de la lecture publique qui vivent la dégradation de leurs condition de travail au quotidien en organisant un raout le 10 avril au Grand Palais dans les beaux quartiers à à Paris. Ce qui fait dire à une bibliothécaire malicieuse : « cette journée sera composée, n’en doutons pas, de personnes qui n’assurent strictement jamais de service public en bibliothèque et qui, comme ici, n’ont aucune idée de notre quotidien. Je crois qu’il y a un fort mécontentement de la part d’agents dans divers lieux, la plupart du temps à cause du manque de moyens et du peu de cas qui est fait de leurs conditions de travail quelquefois insupportable ».

 

C'est pourquoi des bibliothécaires proposent pour celles et ceux qui le peuvent de faire entendre leur voix le 10 avril au Grand Palais et s'inscrire à la Journée nationale des bibliothèques, programmée par le ministère de la Culture dans le cadre de la mission Orsenna (voir ici). Les thématiques abordées lors des trois tables rondes : « l’extension des horaires d’ouverture, les nouvelles missions des bibliothèques, et l’évolution des métiers » lesquelles cristallisent les désaccords profonds au sein de la profession quant à la mise en œuvre et le peu de moyens accordés pour développer la lecture publique

 

Par des bibliothécaires d'Amiens (Somme), Brest (Finistère), Colomiers (Haute-Garonne), Nanterre (Haut-de-Seine), Nantes (Loire-Atlantique), Paris (Seine), Rouen (Seine-Maritime) Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), .. Pour signer cet appel, écrire à : socialnecmergitur@yahoo.fr 

 

 

 

 

Ce n'était pas prévu mais le 10 avril il pourrait rencontrer pour la première fois des bibliothécaires de terrain

 - Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir leur dire, moi je ne fréquente que les hôtels et les restaurants

 

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 14:15

 

Pourtant notre académicien était assisté de Noël Corbin, en charge durant trois ans des bibliothèques municipales de la capitale !

 

« Voyage au pays des bibliothèques », c'est le titre du rapport remis officiellement à Emmanuel Macron par Erik Orsenna avec tambour et trompette. L’annonce de cette mission confiée à l’académicien et à Noël Corbin, un haut fonctionnaire de la culture, promettait au moins une chose de positive : on allait enfin parler des bibliothèques et leur proposer une exposition médiatique, voire un plan d’action. On ignore comment avaient été choisies les villes à visiter mais comme le hasard fait bien les choses, la plupart d’entre elles recevaient également… Erick Orsenna pour la promotion de son dernier bouquin, comme l’a révélé le site ActuaLitté ! Un voyage gagnant-gagnant en somme. Mais trois mois, 70 pages et 19 propositions plus tard les bibliothécaires de France soupirent et lèvent les yeux sur cet énième rapport qui sonne bien creux. Et surtout enfonce des portes ouvertes comme le souligne avec ironie le collectif Savoir Com1.

 

Car à lire ce rapport on a surtout l’impression  que nos deux voyageurs ont bel et bien joué les touristes dans les lieux qu’ils ont visité. Ils en ont saisi des impressions, des clichés, rencontrés des archétypes et découvert un univers que, visiblement, ils ne connaissaient pas du tout. Et le problème de ce voyage, c’est qu’il reste un voyage de touristes, désincarné, très loin du quotidien des usagers, et des professionnels. Ainsi le centre de ce rapport est surtout la question des heures d’ouverture : il faut changer de rythme martèle le rapport. Il reprend en le citant la pétition de Bibliothèques Sans Frontières « ouvrir plus » puis s’empresse d’ajouter : « il faut donc ouvrir mieux » qui était justement le titre de la contre pétition lancée par des bibliothécaires à la suite de celle de BSF. Après un nouvel étalage de chiffres, le rapport se concentre un peu plus sur le cœur des préoccupations : « L’extension des horaires en semaine va alors de pair avec une ouverture dominicale ». Ah bon ? Mais d’où lui vient cette évidence ? Aucun argument n’étaye cette affirmation idéologique, aucun objectif culturel n’y est associé. Pourtant, la question devrait être celle-là : Pour quoi ouvrir les bibliothèques le dimanche ?

 

La vraie question trouve sa réponse un peu plus loin, et c’est plutôt : pour qui ouvrir les bibliothèques ? Les étudiants. Et plus franchement : les étudiants parisiens. Là-dessus, tout le monde s’accordera à dire que les bibliothèques universitaires sont dans une situation qui est très loin d’être à la hauteur de l’attractivité de l’enseignement. Mais du coup d’autres questions sont éludées par le rapport : pourquoi continuer à accueillir autant d’étudiants à Paris alors que les conditions d’études y sont désastreuses ? Pourquoi les étudiants ont-ils besoin d’une bibliothèque (enfin, d’une table et du wifi) le dimanche ? Peut-être parce que chez eux ils n’ont ni table ni wifi. Le problème des bibliothèques à Paris, c’est aussi un problème de mal logement.

 

Ce qui est sûr en revanche c’est ce que nos touristes n’ont pas vu, car on note que le rapport omet complètement de parler des mouvements sociaux qui ont touché les bibliothèques ces dernières années comme à Brest, Sevran, Levallois-Perret, Lyon, Nantes, Clamart, Auch, Caen, Marseille, Rouen, Chelles, Saint-Quentin-En-Yvelines, Saint-Malo, Montigny-le-Bretonneux, Metz, Saint-Herblain, Laval, liste non exhaustive, sans même parler de Grenoble où trois bibliothèques de quartier, dont une destinée à la jeunesse, ont été fermées ! Alors, vraiment « voyage au pays des bibliothèques » ?

 

Le plus tragique dans cette histoire, est que notre académicien était, on l’a vu, assisté de Noël Corbin. Or ce denier a aussi été directeur des affaires Culturelles de la Ville de Paris entre 2014 et 2017 et donc en charge des bibliothèques municipales de la capitale ! Lesquelles ne sont vraiment pas au mieux de leur forme puisque le réseau a vu diminuer ses effectifs au point de… devoir restreindre les horaires d’ouverture de plusieurs établissements ! Inimaginable à Paris, il y a encore dix ans. Et rien ne s’est amélioré depuis son passage, bien au contraire. Alors désolé de gâcher vos souvenirs de voyages messieurs les rapporteurs mais les bibliothèques ne sont pas un paysage sans nuage social et la volonté de Jupiter de poursuivre l’austérité ne peut que renforcer la noirceur du climat.

 

 

 

Voyage au pays des bibliothèques  : Erik Orsenna en pleine action avant ses séances de dédicaces

Rapport Orsenna : deux touristes en « voyage au pays des bibliothèques » !

               - Pffff, mon appareil photo ne doit pas bien marcher, car l’image est vraiment flou !

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 15:59

 

Quand à ceux qui ne viennent plus en bibliothèque ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de « contraintes de temps » dans leur vie personnelle

 

Les bibliothèques ont surgi tout à coup dans la dernière campagne électorale, devenant, un peu à leur corps défendant, l’objet d’une attention soudaine. Qui s’attendait à ce que des candidats pris sous le feu des médias évoquent ce lieu un peu à l’écart de la cohue et des projecteurs ?  À vrai dire, cet intérêt s’est essentiellement focalisé sur un point, celui des horaires d’ouverture. Et cette question n’est pas si nouvelle puisque, dès la fin des années soixante-dix, elle suscite à intervalles réguliers questionnements, rapports, débats et analyses...

 

La France a développé son réseau de bibliothèques publiques très tardivement. Le retard sur les pays anglo-saxons et ceux du nord de l’Europe était criant jusque dans les années quatre-vingt. Mais le rattrapage a été rapide et aujourd’hui notre pays dispose d’un équipement parmi les plus développés d’Europe. On aurait pu s’attendre à une augmentation concomitante du public. Certes, celui-ci s’est accru, mais dans une proportion bien moindre. Surtout, on constate depuis quelques années la stagnation du nombre de lecteurs inscrits. Les causes en sont nombreuses et cette situation ne signifie nullement que le nombre d’usagers est en baisse puisqu’on mesure a contrario une augmentation forte de lecteurs non inscrits (les « séjourneurs »). C’est néanmoins dans ce contexte que la question de la faiblesse des horaires d’ouverture est apparue centrale.

 

La Métropole européenne de Lille a engagé sur ce sujet un travail d’enquête. Le rapport final particulièrement instructif a été rendu en mars 2017. Un échantillon de six bibliothèques ou collectivités a été constitué, représentant un quart de la population métropolitaine. Les enquêtes quantitatives et qualitatives ont été conduites en identifiant trois groupes : les usagers, les non-usagers et les agents. Plus de trois mille usagers au total ont pu donner leur avis sur les horaires et les services. Et c’est majoritairement le créneau 18 h-19 h00, voire 20 h qui apparaît le plus prisé, en particulier le mercredi et le vendredi. « Les usagers jugent que les heures de fermeture du soir sont le plus souvent trop tôt compte tenu de leurs propres emplois du temps (sortie de bureau, après d’autres activités ou la sortie de l’école de leurs enfants...) », note le rapport. « Le mercredi est un jour d’activité pour les enfants, dont certains passent à la bibliothèque ensuite, avec ou sans leurs parents, avant de rentrer à la maison. Le vendredi soir, veille de week-end, est un jour où une grande partie des usagers est moins pressée et peut s’offrir plus facilement du temps pour flâner à la bibliothèque et choisir des documents qu’elle consultera le samedi et le dimanche. »

 

La pause méridienne (12h-14h00) fait aussi l’objet d’une attente notable. Le samedi, l’attente est à peu près égale, quel que soit le créneau horaire, de 9h à 19h. En revanche, la demande d’ouverture le dimanche est de moindre intensité. Qu’en est-il des non-usagers ? Ils sont plus de mille cinq cent à avoir été interrogés et le premier constat, c’est que près de trois sur quatre sont eux-mêmes d’anciens usagers ! Ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de contraintes de temps qu’ils se sont détournés de la bibliothèque... Parmi leurs souhaits, c’est la proximité physique du lieu qui arrive en tête ainsi que le fait de pouvoir accéder à des services en dehors des heures d’ouverture. Ils espèrent aussi une meilleure communication sur les activités et les ressources des bibliothèques.

 

Enfin l’enquête s’est intéressée aux agents des bibliothèques concernés. Le taux de réponse est de 99% ! On a mesuré à la fois leur perception de l’attente du public et la leur. S’ils perçoivent bien les attentes  des usagers (horaires identiques tous les jours d’ouverture, vacances scolaires ou pas, horaires exceptionnels pendant les périodes d’examen, ouverture lors de la pause déjeuner, etc.), Mais quelle est l’attente des agents eux-mêmes ? On peut penser qu’une bonne partie d’entre eux estime que le statu quo est souhaitable ; c’est en tout cas l’opinion majoritaire en ce qui concerne l’ouverture les jours fériés et le dimanche. Les agents pensent en outre qu’il est possible d’améliorer les horaires sans les augmenter, mais en les réaménageant. L’ouverture les jours fériés ou le dimanche n’est pas considérée comme une bonne solution. Il en est de même, pour une éventuelle augmentation des horaires pendant les grandes et petites vacances scolaires (qui est pourtant une demande très forte des usagers).

 

En cas d’extension des horaires d’ouverture hors dimanche et jours fériés, les agents interrogés souhaitent une augmentation du personnel et bénéficier de récupérations ou d’heures supplémentaires. Toutes les autres propositions suscitent des réactions majoritairement négatives (recrutement de bénévoles, ouverture limitée à certains espaces de la bibliothèque, modification des jours de repos sur plusieurs semaines, mobilité au sein du réseau, alternance semaine courte et semaine longue).

 

Publié à l'origine sur le site  ActuaLitté

 

 

 

          Bibliothèques : une enquête repousse les idées reçues sur les horaires d'ouverture

Bibliothèques : l'ouverture du dimanche n'est pas une priorité selon une enquête faire auprès des usagers
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