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13 janvier 2023 5 13 /01 /janvier /2023 16:21

 

Comme les livres, quoi....

 

« Ah bon, c’est payant ? Dans ce cas je renonce à m’inscrire ». C’est la litanie qu’entendent quotidiennement les discothécaires de la Ville de Paris qui exercent dans les vingt (chiffres indicatif) bibliothèques municipales de la capitale qui abritent encore des collections de phonogrammes (en majorité sous forme de Compact Disc mais aussi en vinyle). Car oui, si les bibliothèques de la Ville de Paris sont gratuites, c’est, pour les adultes, uniquement pour les collections imprimées car pour emprunter de la musique il faut débourser la somme de 30,50 euros. Une pratique dénoncée jusque dans un rapport commandé par….. la mairie de Paris elle-même !

« Il est incompréhensible de voir coexister dans un même lieu des documents gratuits d’un côté (des livres) et payants de l’autre (des CD ou des DVD) » pointait ce rapport rédigé en 2015 par Gilles Rettel. Il est vrai que cette différence de traitement entre supports documentaires porteurs d’une mission commune de diffusion culturelle ne se justifie en aucune façon. Il ne faut pas abandonner le prêt physique » car le CD (ou le vinyle) a « un impact sensitif » rappelle encore Giles Rettel pour qui « la dématérialisation est un mythe ». D’ailleurs, la production de disque reste encore plutôt élevée dans l’industrie de la musique avec ses milliers de parutions mensuelles, tous genres confondus, disponible en magasin ou sur les sites des musiciens et des maisons de disques.

Une position reprise par l’Association pour la coopération des professionnels de l’information musicale (ACIM) laquelle avait publié le manifeste la musique a toute sa place en bibliothèque pour réaffirmer le rôle prépondérant des médiathèques dans le développement de l’éducation et de la culture musicale de tous les publics, et notamment des nouvelles générations laquelle passe donc par la gratuité de l’abonnement pour emprunter dans les sections discothèques des bibliothèque de la capitale

Si la mairie de Paris pourra rétorquer qu’elle a exonéré de cet abonnement les mineurs et les adultes aux minima sociaux, elle oubliera en revanche de préciser que ce système a été totalement détourné de son objet initial. En effet, il est très fréquent de voir des CSP+ qui en ont les moyens emprunter des documents sonores (et aussi des DVD) gratuitement avec la carte de leurs enfants mineurs après les avoir inscrit avec un accès « tout documents adultes ». Finalement les seuls qui doivent continuer à payer pour emprunter de la musique (ou des DVD), car ne pouvant pas trouver d'artifice, sont les usagers majeurs sans enfants qui déclarent un revenu à partir du SMIC ce qui exclue de fait la grande majorité des publics précaires. Où sont les chômeurs, où sont les actifs à bas salaires, où sont les étudiants de  plus de dix-huit ans pour ne citer qu’eux ?

C’est pourquoi nous, professionnels des bibliothèques parisiennes, demandons à nouveau que la mairie de Paris instaure la gratuité de tous les supports musicaux, comme pour les collections imprimées, à tous les usagers sans distinction, pour permettre un véritable accès à la culture et une véritable égalité de traitement. De nombreuses collectivités ont déjà fait le choix de donner gratuitement accès à l’ensemble de leurs collections, sans distinctions, et parmi elles plusieurs grandes villes de province : qu’il s’agisse de Lille, Nantes, Rennes, Bordeaux, Aix-en-Provence ou Marseille, toutes se sont montrées plus ambitieuses ; la capitale peut-elle demeurer à l’arrière-garde ?

 

Premiers signataires (par ordre alphabétique) : Jeanne Ahdab (François Villon-Xe), Ismène Alessandri (MMP-Paris Centre), Nicolas Almimoff (Jacqueline de Romilly-XVIIIe), Sofia Arpal-Moya(Marguerite Duras-XXe), Abdoulaye Barry (Marguerite Duras-XXe), Florent Belser (MMP-Paris Centre), Maïlys Bion (Marguerite Audoux-IIIe), David Bonilla (Hergé-XIXe), Marielle Bonnabé (Oscar Wilde-XXe), Emilie Boulet (Marguerite Audoux), Jean-Luc Bourel (François Villon-Xe), Françoise Boyer (Buffon-Ve), Marie-Caroline Bretillot (Bibliothèque CDML-Ve), Carole Castéra-Tordet (André Malraux-VIe), Aurélia Collot (Françoise Sagan-Xe), Sibylle Cosson (Buffon-Ve), Thierry Chompré (Marguerite Yourcenar-XVe), Eric Cuisset (Italie-XIIIe), Marc Delbos (MMP-Paris Centre), Samuel Desprez (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Djamila Derni (Buffon-Ve), Lorraine Deroin (Goutte-d'Or-XVIIIe), Louis Desplechin (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Patrick Doncourt-Bandelier (Françoise Sagan-Xe), Solène Dubois (Buffon-Ve), Hervé Duret (Hélène Berr-XIIe), Patrick Engel (Valeyre-IXe), Pascal Faivre (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Sébastien Fauque (MMP-Paris Centre), Victor Fouquoire (Germaine Tillion-XVIe), Thomas Frot (Hélène-Berr-XIIe), Yolande Garrido (Violette Leduc-XIe), Agathe Gucciardi (André Malraux-VIe), Gaëtan Hachette (Bibliothèque Hélène Berr-XIIe), Didier Hamon (Place des Fêtes-XIXe), Sandrine Haon (Marguerite Duras-XXe), Neil Hercberg (Georges Brassens-XIVe), Fabrice Lafay-Sorel (Germaine Tillion-XVIe), Marc Lagrange (MMP-Paris Centre), Thierry Lajeunesse (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Laudine Lemancel (MMP-Paris-Centre), Blandine lemoine (Violette Leduc-XIe), Frédérique Lemoine (Gutenberg-XVe), Christophe Libouban (Buffon-Ve), Myriam Lomet (Jean-Pierre Melvile-XIIIe), Sophie Luis (Buffon-Ve), Bruno Martin (Italie-XIIIe), François Mary (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Maxime Milliet (André Malraux-VIe), Laure Montardy (Buffon-Ve), Cécile Morin (Marguerite Duras-XXe), Karim Moussa (Marguerite Duras-XXe), Céline Muller (Buffon-Ve), Edouard Palis (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Elisenda Panadés Inglés (Naguib Mahfouz XXe), Gabrielle Panetrat (MMP-Paris Centre), Catherine Pecassou (Italie-XIIIe), Jean-Claude Peralba (MMP Paris-Centre), Bertrand Pieri (MMP-Paris Centre), Luc Pierin (Marguerite Duras-XXe), Victor Popovic (Oscar-Wilde-XXe), Véronique Portefaix (Marguerite Duras-XXe), Laura Puget (Oscar Wilde-XXe), Freddy Rasolofo (André Malraux-VIe), Carine Robieu (Hergé-XIXe), Linnea Rönnholm (Marguerite Duras-XXe), Rémi Sanchiz (Mohamed Arkoun-Ve), Sylvie Saouma (Helène Berr-XIIe)), Mietek Stanuch (Germaine Tillion-XVIe), Aurélien Stiegler (Batignolles-XVIIe), Jean-Pierre Sutra-Fourcade (Jean-Pierre Melville-XIIIe), Maxime Torté (Germaine Tillion-XVIe), Josée Van Themsche (Germaine Tillion-XVIe), Nicolas Trompette (Violette Leduc-XIe), André Vestry (Violette Leduc-XIe), Mirta Villablanca (Buffon-Ve), Mathieu Villard (Robert Sabatier-XVIIIe). Et aussi en dehors de la Ville de Paris : Marine Cantournet (Médiathèque du Bassin d'Aurillac-Cantal)

Pour signer le texte écrire en envoyant vos noms à l'adresse courriel suivante : socialnecmergitur@yahoo.fr (si vous n'arriver pas à nous écrire, vous pouvez signer en laissant un message dans la rubrique commentaire)

 

 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 12:59

 

« J’ai découvert ce métier dans un centre d’orientation, après l’armée. Ce qui m’a attiré, c’est de pouvoir mettre un pied dans la culture tout en faisant de l’opérationnel », a-t-il déclaré dans une interview à la presse

 

Le réseau des bibliothèques parisiennes, un des plus importants au monde avec ses soixante-cinq établissements, a un nouveau directeur : Jean-Arthur Creff. Si ce dernier, qui a le grade de conservateur en chef, a eu d’abord un parcours des plus classiques en passant par la Bibliothèque nationale, le ministère de la Culture ou encore la bibliothèque du centre Pompidou, force est de noter qu’il a eu une affectation des plus surprenantes avant de prendre en 2019 la tête des bibliothèques de Colmar (Haut-Rhin). Rien moins.... qu’à l’OTAN !

Une info qui a eu de quoi surprendre lors de son arrivée en Alsace puisque dans une interview à la presse régionale, il a dû avouer « avoir découvert ce métier dans un centre d’orientation, après l’armée. Ce qui m’a attiré, c’est de pouvoir mettre un pied dans la culture tout en faisant de l’opérationnel » (lire ici). Bon, en ce qui concerne l’OTAN ce n’était bien sûr.... que la bibliothèque ! Et oui, étonnant mais il existe bien ce type de lieu dans ce genre d'endroit, réservé toutefois aux militaires otaniens et quelques chercheurs en géopolitique triés sur volet. Même si dans une interview au site officiel de l’organisation du traité de l'atlantique nord Jean-Arthur Creff s’étonnait « que des lecteurs arrivent et me demandent où sont les bandes dessinées... ou où sont les romans... alors que, bon, c'est quand même une bibliothèque purement scientifique ». Pas très fluctuat

Ceci dit, dans cette même interview on en apprend aussi de belles sur le fait que n’importe qui puisse entrer dans un des bâtiments les plus sécurisés de la planète car d’après Jean-Arthur Creff dans cette bibliothèque, située il faut rappeler au siège même de l’organisation militaire à Bruxelles, on pouvait y croiser « les habituels lecteurs qui s'endorment, ceux qui ne sortent pas de la bibliothèque quand on la ferme, qui y restent donc enfermés. Il nous est -même arrivé de fermer la bibliothèque et de nous apercevoir ensuite qu'un lecteur était resté à l'intérieur ». Du pur mergitur….

 

            

                               Jean-Arthur Creff, le nouveau patron des bibliothèques parisiennes

                                                               - Gaaaaarde à vous !

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 09:43

 

Dans une tribune, un bibliothécaire parisien qui travaille dans le nord de la capitale dresse un constat cinglant de la politique appliquée par Anne Hidalgo et son équipe dans les lieux de culture pour les publics le plus précaires et les personnels de bibliothèque

 

C’est une tribune d'un très argumentée sur l’application du passe sanitaire dans les bibliothèques de la capitale. Un texte, s’il est d’origine parisienne (l’auteur travaille dans la XVIIIe arrondissement dans un établissement situé dans un quartier politique de la Ville) et fait référence à la politique appliquée par Anne Hidalgo et son équipe en la matière, va évidemment bien au-delà du périphérique sur les conséquences de l'instauration de cette mesure dans les lieux de culture pour les publics le plus précaires et les personnels de bibliothèque. Le voici dans son intégralité.

 

« Depuis le 21 juillet 2021, l'autorité municipale de la ville de Paris impose la présentation du passe sanitaire à tous les usagers de plus de dix huit ans pour accéder à ses bibliothèques. Dès le 30 septembre prochain, le passe sanitaire sera aussi exigé dès l'âge de douze ans pour accéder aux bibliothèques de la ville. Quelles impactes, cette obligation du passe sanitaire, plus de la vérification d'identité, y compris dès douze ans, ont déjà sur les usagers et les personnels de bibliothèque ?

 

Posons-nous deux questions à la date d'aujourd'hui, celle du 5 août  2021. Quel type de public l'imposition de ce passe sanitaire exclut-il réellement ? Qui est chargé du contrôle de ce passe sanitaire à l'entrée des bibliothèques de Paris ? Quel type de public l'imposition de ce passe sanitaire exclut-il réellement ? Pour tenter d'explorer cette première interrogation, intéressons-nous aux personnes précaires, de tous les âges : des sans domicile fixe (SDF), des sans-papiers, des mineurs isolés, des femmes seules avec ou sans enfants, liste non exhaustive... Elles et ils fréquentent en nombre les bibliothèques à Paris. Pourquoi ? Parce qu'elles y trouvent un lieu gratuit où elles peuvent aller sur internet, pas pour y jouer, mais pour y réaliser notamment diverses démarches administratives, pour chercher un lieu où manger, où dormir.

 

Comme les services d'urgence des hôpitaux, les bibliothèques de Paris font partie des derniers services publics où ces personnes trouvent un moment de paix, un moment d'écoute, même silencieuse. De plus, les bibliothèques de Paris ont aussi la mission d'aller vers ces publics dit « éloignés », selon le jargon administratif. La campagne de vaccination contre le Covid-19 a jusqu'à présent laissé au bord de la route ces personnes. « Force est de constater que la carte du décrochage vaccinal est aujourd’hui un quasi-décalque de la carte des inégalités socioéconomiques », soulignait le président (socialiste) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, dans un entretien au journal Le Monde. N'en est-il pas de même à Paris ?

 

Beaucoup de personnes précaires n'ont même pas un compte AMELI, seul moyen de télécharger le précieux passe sanitaire. Se contenter de leur indiquer « des adresses » d'associations qui pourraient les aider ne suffit pas, c'est même dans la plupart des cas un pansement sur une jambe de bois. Non pas que ces associations soient incompétentes, bien au contraire, mais que la confiance est à construire. Une personne à la rue lutte heure après heure pour sa survie, mais également pour garder sa dignité. C'est un travail de patience, d'écoute, de présence, à long et moyen terme qu'il est nécessaire d'engager avec elle. La confiance ne se décrète pas, elle se construit. L'instauration brutale de l'obligation de présenter un passe sanitaire valide pour entrer dans une bibliothèque de la ville de Paris, c'est retirer encore un peu plus de dignité aux personnes à la rue et aux citoyens les plus précaires.

 

Voici un exemple de la fracture numérique, même en plein Paris, pourtant ville Capitale si bien connectée : « Peu de personnes sans domicile fixe disposent d’un smartphone pour prendre rendez vous en ligne ou conserver un code QR » témoigne Guillemette Soucachet, de Médecins du monde Île-de-France. D'autre part, une défiance plus grande des classes populaires existe vis-à-vis des vaccins, une hostilité qui « prend racine dans les expériences de discriminations face au système de santé, qu’on a soi-même vécues ou que des proches ont vécues » analyse la sociologue Nathalie Bajos.

 

 

 

 

Dramatiquement, les populations les plus défavorisées — qui sont donc le moins vaccinées — sont aussi les plus touchées par le Covid-19, montraient des chercheuses de l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 2020. Dès le 1er août prochain, les personnes à la rue non vaccinées n'ont plus accès aux structures médico-sociales — accueils de jour, hôpitaux — qui les accompagnaient jusqu’alors, plus d'accès également aux cafés où elles pouvaient y prendre une boisson chaude et réaliser une toilette sommaire dans un lavabo. Depuis le 21 juillet, les portes des bibliothèques de Paris sont aussi fermées à ces personnes. Pourquoi les priver aussi de ce service public essentiel : la culture ?

 

Dès la rentrée scolaire prochaine, (sauf si cette décision est invalidée entre-temps, notamment par le Conseil Constitutionnel), si un cas positif au Covid-19 est détecté dans une classe, dès onze ans les enfants non totalement vaccinés avec deux doses seront renvoyés chez eux, précisément exclus de leur école pour dix jours. Le gouvernement précise qu'ils pourront suivre leurs cours à distance. Vu les nombreux facteurs, comme la surcharge de travail des enseignants, les logements exigus, la fracture numérique, l'impossibilité de trouver un endroit calme, serein et connecté pour travailler, ces jeunes seront tout simplement à la rue et livrés à eux-même durant la journée. Pourquoi ? Parce qu'ils auront aussi l'interdiction d'entrer dans les bibliothèques de la Capitale, cela dès le 30 septembre prochain. Ce sera pour ces enfants le décrochage scolaire assuré, mais ne pouvons-nous pas encore l'éviter ?

 

Dans ce contexte, la mise en place brutale du passe sanitaire inflige une double peine aux personnes les plus précaires, et notamment aux plus jeunes, aux enfants. Pour rappel, la France a franchi la barre des dix millions de pauvres en 2020, selon les chiffres de l'INSEE. La pauvreté augmente de manière alarmante sur l'ensemble du pays, y compris à Paris. Le 20 novembre 2021 est la journée internationale des droits de l'enfant. Dans les activités, animations proposées, les bibliothécaires devront-ils exclure les enfants et adolescents non totalement vaccinés ? Continuer ainsi de leur fermer les portes des bibliothèques de la ville de Paris ?

 

Maintenant, demandons-nous : qui est chargé du contrôle de ce passe sanitaire à l'entrée des bibliothèques de Paris ? Ce sont les bibliothécaires. La question n'est plus de savoir si elles ou ils sont habilités à exercer ce contrôle, contrôle qui exige aussi de l'usager de décliner son identité, comme face à la police. Mais la question est de savoir si cette nouvelle obligation n'est pas une confusion des rôles, précisément une rupture profonde de la confiance entre l'usager et le bibliothécaire ? Des incidents graves ont déjà eu lieu à Paris. Peut-être vont-ils se multiplier ou non ? Porter plainte, en cas d'agression est légitime. Mais dans cette situation, n'est-ce pas le délit qui est provoqué par l'obligation de « décliner son identité », en plus de montrer son passe sanitaire ? Malgré eux, les bibliothécaires parisiens se retrouvent dans un rôle qui attise les tensions, alors que leur métier n'est-il pas de porter la culture ? La vocation d'un bibliothécaire, d'un médiateur culturel ou scientifique n'est pas « surveiller et punir » pour paraphraser Michel Foucault.

 

L'urgence reste la vaccination volontaire de toutes et de tous, le médiateur, le bibliothécaire à travers son métier a la légitimité de provoquer le dialogue pour casser les fake news, cela in situ et hors les murs de nos bibliothèques. Pourquoi l'obliger à abandonner ce rôle, en le transformant en contrôleur de passe sanitaire et d'identité ? D'autres villes comme Rouen ont fait un autre choix, comme limiter l'accès de toutes leurs bibliothèques à une jauge de moins de cinquante personnes. Aucun « incident » avec un usager n'y a été constaté en lien avec le passe sanitaire, le travail d'action culturelle, l’accueil des publics les plus précaires s'y poursuit sans conflits notables.

 

A Paris, pourquoi le dialogue, si cher pourtant à la mandature actuelle, n'a-t-il pas été enclenché par la municipalité, aussi bien avec la population qu'avec les bibliothécaires ? Le bibliothécaire n'est pas un extra-terrestre, mais un acteur de la Cité, un médiateur qui amène vers l'Agora. Préférons-nous baisser les bras et laisser notre place aux complotistes qui pullulent sur le Web ? Puisque qu'à ces publics dit précaires, les portes des bibliothèques parisiennes et d'ailleurs malheureusement leur ont été fermées avec brutalité. Il est urgent de poser la controverse de l'obligation du passe sanitaire dans les bibliothèques sur la place publique, d'organiser le débat pour prendre ensemble et démocratiquement les décisions nécessaires et justes. Plutôt que porter plainte, portons la culture ! »

 

 

 

 

 

Sources pour rédiger cet article : Journal Le Monde, INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), INDED (Institut national d'étude de la démographie), ARS (Agence Régional de santé Île de France), ATD Quart-Monde, Médecin du Monde, Direction culturelle de la ville de Rouen, Site officiel de la Ville de Paris, Le journal « Reporterre Le quotidien de l'écologie » ( ce n'est pas un site complotiste!)

 

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17 juin 2021 4 17 /06 /juin /2021 17:12

 

C’est que les codes-barres, nécessaires pour la mise en rayon, sont au bout du rouleau !

 

Les bibliothèques municipales parisiennes vont elles bientôt être contraintes de ne plus pouvoir mettre de nouveautés dans leurs rayonnages ? Ce cas de figure qui ridiculiserait la capitale de la sixième puissance mondiale est en tout cas pris très au sérieux parmi les cadres de la direction des affaires culturelles de la Ville de Paris.

 

C’est que l’affaire semble incroyable. En effet les bibliothèques de la capitale vont bientôt être en rupture de…..codes-barres ! Or ces petits objets autocollants livrés par milliers dans des rouleaux sont essentiels dans la chaine de traitement du document (livres, CD, DVD, magazines….) avant d’être mis à la disposition du public. Sauf que les établissements n’ont plus été livrés depuis le mois de novembre dernier, il y a maintenant huit mois et les codes-barres (comme les personnels) sont maintenant au bout du rouleau.

 

Selon une note de l’administration destinée aux cadres le problème est identifié : « cela fait suite à deux disfonctionnements rencontrés avec notre fournisseur. Le premier disfonctionnement remonte au mois de novembre avec la fourniture de codes  à barres dont la clef était absente après lecture de celui-ci ». En gros il manquait des chiffres ! Pas très fluctuat.  Et de poursuivre : « nous avons donc demandé au prestataire une reprise de la production ce qu’il a fait mais sur cette nouvelle série nous rencontrons un nouveau problème qui cette fois ci est la non reconnaissance des codes à barres par V smart, le logiciel qui équipe les bornes de prêt et de retour dans les bibliothèques ». Du pur mergitur !

 

Et la note de conclure : « l’origine de ces différents problèmes serait la défaillance du fichier générant les codes à barres notre fournisseur pense pouvoir résoudre ce problème pour demain. Dans ce cas de figure nous pourrons recevoir une nouvelle production d’ici un mois ». Sauf que le « un mois » c’était il y a bien longtemps puisque la dite note a été envoyée en janvier dernier. Probablement que le fournisseur a dû rencontrer un troisième bug depuis car les établissements n’ont toujours rien reçu ! Une situation qui provoque l'ironie chez les personnels : « on voudrait l'inventer qu'on pourrait pas » nous a ainsi avoué un bibliothécaire parisien.

 

 

 

 

 

                                                              Paris : la bibliothèque du futur ?

 

 

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 10:35

 

Encore un autre territoire que nos célèbres touristes ne sont pas allés visiter

 

« Pour la première fois, pendant les vacances de février, des médiathèques ont fermé faute de personnel, comme ça a été le cas à la médiathèque Aimé Césaire de Roissy-en-Brie ». C’est le cri d’alarme lancé par  Manolis Picault, le secrétaire général de la CGT de Paris-Vallée de la Marne, une agglomération qui regroupe douze communes de  Seine-et Marne (Brou-sur-Chantereine, Croissy-Beaubourg, Pontault-Combault, Champs-sur-Marne, Émerainville, Roissy-en-Brie, Chelles, Lognes, Torcy, Courtry, Noisiel, Vaires-sur-Marne). Encore un autre territoire que nos célèbres touristes Erik Orsenna et Noël Corbin ne sont pas allés visiter.

De fait, la situation est tellement catastrophique dans les quatorze médiathèques de la région que les personnels ont décidé de se mettre en grève pour plusieurs semaines à l’appel de la CGT et de la CFDT. Ce mouvement qui a commencé à la mi-mars doit en effet courir jusqu’au 14 avril pour des bibliothécaires qui dénoncent « le problème des sous-effectifs qui dure depuis le début de l’année 2017 » et les empêche de mener à bien leurs missions. Une histoire bien connue malheureusement des observateurs de la lecture publique (sauf peut être par quelques académiciens en goguette).

D’ailleurs chose rare, le sous effectif est confirmé par les élus eux-mêmes puisque Paul Miguel, le président socialiste de l’agglomération confirme au quotidien Le Parisien « qu’au 1er janvier 2018, sur un effectif de 112 agents travaillant dans le secteur des médiathèques, cinq postes permanents n’ont pas fait l’objet, à ce jour, d’un remplacement ». Il explique que « ces non-remplacements contribuent à l’optimisation de la masse salariale que nous sommes contraints de réaliser », citant ainsi la baisse des recettes et « un pacte financier signé avec l’État qui limite drastiquement nos dépenses de fonctionnement ». Comme dirait l’autre, « bienvenue au pays des bibliothèques »…

On doute néanmoins que la réponse de l’édile soit de nature à apaiser la colère des bibliothécaires de Seine-et-Marne. Ces derniers continuent donc leur mouvement de grève. Déjà les établissements ont dû fermer deux fois au mois de mars. Et pour avril de nouvelles perturbations sont à prévoir selon la presse locale qui annonce des fermetures partielles sur des demi-journées qui seraient appliquées le mercredi et le samedi dans la plupart des cas et ceci « afin de ne pas pénaliser les scolaires » précisent les bibliothécaires. Du côté de l'agglo on a déjà pris les devants en annonçant que  « le public ne devra pas se fier aux horaires d’ouverture habituels ». Pour toutes infos complémentaire, cliquez là.

Publié également sur Miroir Social

 

Bibliothèques en grève : Orsenna tente de convaincre Corbin à faire une petite visite en Seine-Et-Marne

                                      - Bon, je vois que pendant que ça brûle il regarde ailleurs....

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 08:13

 

« Cette journée sera composée, n’en doutons pas, de personnes qui n’assurent strictement jamais de service public en bibliothèque et qui, comme ici, n’ont aucune idée de notre quotidien » prévoit d'ailleurs malicieuse une bibliothécaire

 

La publication du rapport Orsenna autour de la lecture publique a fait couler une peu d'encre dans les médias. Mais quelques bonnes intentions ne peuvent masquer ni la politique d'austérité du gouvernement, qui détruit la lecture publique, ni les dangers de certaines propositions. Nous sommes bien loin d'une politique publique digne de ce nom et financée... Car il n'y a qu'un seul crédo pour notre académicien : « Ouvrir le soir et le dimanche, avec des budgets réduits, des contrats aidés et des étudiants ». Et oui, voilà quand même en gros ce que propose ce fameux rapport. Et encore faut-t-il, toujours selon Erik Orsenna, que l’État  « accompagne financièrement » la mise en œuvre de ces objectifs. C’est-à-dire l’augmentation de huit malheureux petits millions d’euros de la dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques pour les cinq années à venir. Mais à condition seulement de « soutenir 200 projets d’extension d’horaires ». Il s'agit donc de ne financer que l'extension horaire alors que tous les budgets baissent... Jusqu’à la crise que subissent nombre de nos collègues partout en France.

 

Ainsi, sous le coup de restrictions de dotation, de nombreuses collectivités sont asphyxiées, réduisent leur budgets culturel et, à certains endroits, ferment des bibliothèques (Grenoble, Levallois-Perret...). A Brest, Metz, Rouen, Marseille, Laval, Saint-Malo, Caen, Saint-Quentin-en Yvelines, Lyon, Nantes, les bibliothécaires dénoncent la baisse des moyens permettant d’exercer correctement leurs missions. La situation devrait encore s’aggraver alors que l’État doit réduire de 120 milliards d'euros la dotation aux collectivités locales d’ici la fin du quinquennat ! Pour les bibliothèques départementales de prêt s'ajoutent aussi la métropolisation et la fin des départements... Dans ce contexte de désengagement de l’État, le rapport envisage « la mutualisation de locaux et de personnels d’accueil » entre les bibliothèques et les agences postales, le recours accru aux étudiants et aux contrats aidés, « chaînon indispensable entre les professionnels et les bénévoles ». Dans de nombreuses communes les ouvertures le dimanche se sont faites contre l'avis des équipes et sans création de postes.

 

De son côté la ministère de la Culture persiste dans  la provocation auprès des personnels de la lecture publique qui vivent la dégradation de leurs condition de travail au quotidien en organisant un raout le 10 avril au Grand Palais dans les beaux quartiers à à Paris. Ce qui fait dire à une bibliothécaire malicieuse : « cette journée sera composée, n’en doutons pas, de personnes qui n’assurent strictement jamais de service public en bibliothèque et qui, comme ici, n’ont aucune idée de notre quotidien. Je crois qu’il y a un fort mécontentement de la part d’agents dans divers lieux, la plupart du temps à cause du manque de moyens et du peu de cas qui est fait de leurs conditions de travail quelquefois insupportable ».

 

C'est pourquoi des bibliothécaires proposent pour celles et ceux qui le peuvent de faire entendre leur voix le 10 avril au Grand Palais et s'inscrire à la Journée nationale des bibliothèques, programmée par le ministère de la Culture dans le cadre de la mission Orsenna (voir ici). Les thématiques abordées lors des trois tables rondes : « l’extension des horaires d’ouverture, les nouvelles missions des bibliothèques, et l’évolution des métiers » lesquelles cristallisent les désaccords profonds au sein de la profession quant à la mise en œuvre et le peu de moyens accordés pour développer la lecture publique

 

Par des bibliothécaires d'Amiens (Somme), Brest (Finistère), Colomiers (Haute-Garonne), Nanterre (Haut-de-Seine), Nantes (Loire-Atlantique), Paris (Seine), Rouen (Seine-Maritime) Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), .. Pour signer cet appel, écrire à : socialnecmergitur@yahoo.fr 

 

 

 

 

Ce n'était pas prévu mais le 10 avril il pourrait rencontrer pour la première fois des bibliothécaires de terrain

 - Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir leur dire, moi je ne fréquente que les hôtels et les restaurants

 

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 14:15

 

Pourtant notre académicien était assisté de Noël Corbin, en charge durant trois ans des bibliothèques municipales de la capitale !

 

« Voyage au pays des bibliothèques », c'est le titre du rapport remis officiellement à Emmanuel Macron par Erik Orsenna avec tambour et trompette. L’annonce de cette mission confiée à l’académicien et à Noël Corbin, un haut fonctionnaire de la culture, promettait au moins une chose de positive : on allait enfin parler des bibliothèques et leur proposer une exposition médiatique, voire un plan d’action. On ignore comment avaient été choisies les villes à visiter mais comme le hasard fait bien les choses, la plupart d’entre elles recevaient également… Erick Orsenna pour la promotion de son dernier bouquin, comme l’a révélé le site ActuaLitté ! Un voyage gagnant-gagnant en somme. Mais trois mois, 70 pages et 19 propositions plus tard les bibliothécaires de France soupirent et lèvent les yeux sur cet énième rapport qui sonne bien creux. Et surtout enfonce des portes ouvertes comme le souligne avec ironie le collectif Savoir Com1.

 

Car à lire ce rapport on a surtout l’impression  que nos deux voyageurs ont bel et bien joué les touristes dans les lieux qu’ils ont visité. Ils en ont saisi des impressions, des clichés, rencontrés des archétypes et découvert un univers que, visiblement, ils ne connaissaient pas du tout. Et le problème de ce voyage, c’est qu’il reste un voyage de touristes, désincarné, très loin du quotidien des usagers, et des professionnels. Ainsi le centre de ce rapport est surtout la question des heures d’ouverture : il faut changer de rythme martèle le rapport. Il reprend en le citant la pétition de Bibliothèques Sans Frontières « ouvrir plus » puis s’empresse d’ajouter : « il faut donc ouvrir mieux » qui était justement le titre de la contre pétition lancée par des bibliothécaires à la suite de celle de BSF. Après un nouvel étalage de chiffres, le rapport se concentre un peu plus sur le cœur des préoccupations : « L’extension des horaires en semaine va alors de pair avec une ouverture dominicale ». Ah bon ? Mais d’où lui vient cette évidence ? Aucun argument n’étaye cette affirmation idéologique, aucun objectif culturel n’y est associé. Pourtant, la question devrait être celle-là : Pour quoi ouvrir les bibliothèques le dimanche ?

 

La vraie question trouve sa réponse un peu plus loin, et c’est plutôt : pour qui ouvrir les bibliothèques ? Les étudiants. Et plus franchement : les étudiants parisiens. Là-dessus, tout le monde s’accordera à dire que les bibliothèques universitaires sont dans une situation qui est très loin d’être à la hauteur de l’attractivité de l’enseignement. Mais du coup d’autres questions sont éludées par le rapport : pourquoi continuer à accueillir autant d’étudiants à Paris alors que les conditions d’études y sont désastreuses ? Pourquoi les étudiants ont-ils besoin d’une bibliothèque (enfin, d’une table et du wifi) le dimanche ? Peut-être parce que chez eux ils n’ont ni table ni wifi. Le problème des bibliothèques à Paris, c’est aussi un problème de mal logement.

 

Ce qui est sûr en revanche c’est ce que nos touristes n’ont pas vu, car on note que le rapport omet complètement de parler des mouvements sociaux qui ont touché les bibliothèques ces dernières années comme à Brest, Sevran, Levallois-Perret, Lyon, Nantes, Clamart, Auch, Caen, Marseille, Rouen, Chelles, Saint-Quentin-En-Yvelines, Saint-Malo, Montigny-le-Bretonneux, Metz, Saint-Herblain, Laval, liste non exhaustive, sans même parler de Grenoble où trois bibliothèques de quartier, dont une destinée à la jeunesse, ont été fermées ! Alors, vraiment « voyage au pays des bibliothèques » ?

 

Le plus tragique dans cette histoire, est que notre académicien était, on l’a vu, assisté de Noël Corbin. Or ce denier a aussi été directeur des affaires Culturelles de la Ville de Paris entre 2014 et 2017 et donc en charge des bibliothèques municipales de la capitale ! Lesquelles ne sont vraiment pas au mieux de leur forme puisque le réseau a vu diminuer ses effectifs au point de… devoir restreindre les horaires d’ouverture de plusieurs établissements ! Inimaginable à Paris, il y a encore dix ans. Et rien ne s’est amélioré depuis son passage, bien au contraire. Alors désolé de gâcher vos souvenirs de voyages messieurs les rapporteurs mais les bibliothèques ne sont pas un paysage sans nuage social et la volonté de Jupiter de poursuivre l’austérité ne peut que renforcer la noirceur du climat.

 

 

 

Voyage au pays des bibliothèques  : Erik Orsenna en pleine action avant ses séances de dédicaces

Rapport Orsenna : deux touristes en « voyage au pays des bibliothèques » !

               - Pffff, mon appareil photo ne doit pas bien marcher, car l’image est vraiment flou !

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 15:59

 

Quand à ceux qui ne viennent plus en bibliothèque ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de « contraintes de temps » dans leur vie personnelle

 

Les bibliothèques ont surgi tout à coup dans la dernière campagne électorale, devenant, un peu à leur corps défendant, l’objet d’une attention soudaine. Qui s’attendait à ce que des candidats pris sous le feu des médias évoquent ce lieu un peu à l’écart de la cohue et des projecteurs ?  À vrai dire, cet intérêt s’est essentiellement focalisé sur un point, celui des horaires d’ouverture. Et cette question n’est pas si nouvelle puisque, dès la fin des années soixante-dix, elle suscite à intervalles réguliers questionnements, rapports, débats et analyses...

 

La France a développé son réseau de bibliothèques publiques très tardivement. Le retard sur les pays anglo-saxons et ceux du nord de l’Europe était criant jusque dans les années quatre-vingt. Mais le rattrapage a été rapide et aujourd’hui notre pays dispose d’un équipement parmi les plus développés d’Europe. On aurait pu s’attendre à une augmentation concomitante du public. Certes, celui-ci s’est accru, mais dans une proportion bien moindre. Surtout, on constate depuis quelques années la stagnation du nombre de lecteurs inscrits. Les causes en sont nombreuses et cette situation ne signifie nullement que le nombre d’usagers est en baisse puisqu’on mesure a contrario une augmentation forte de lecteurs non inscrits (les « séjourneurs »). C’est néanmoins dans ce contexte que la question de la faiblesse des horaires d’ouverture est apparue centrale.

 

La Métropole européenne de Lille a engagé sur ce sujet un travail d’enquête. Le rapport final particulièrement instructif a été rendu en mars 2017. Un échantillon de six bibliothèques ou collectivités a été constitué, représentant un quart de la population métropolitaine. Les enquêtes quantitatives et qualitatives ont été conduites en identifiant trois groupes : les usagers, les non-usagers et les agents. Plus de trois mille usagers au total ont pu donner leur avis sur les horaires et les services. Et c’est majoritairement le créneau 18 h-19 h00, voire 20 h qui apparaît le plus prisé, en particulier le mercredi et le vendredi. « Les usagers jugent que les heures de fermeture du soir sont le plus souvent trop tôt compte tenu de leurs propres emplois du temps (sortie de bureau, après d’autres activités ou la sortie de l’école de leurs enfants...) », note le rapport. « Le mercredi est un jour d’activité pour les enfants, dont certains passent à la bibliothèque ensuite, avec ou sans leurs parents, avant de rentrer à la maison. Le vendredi soir, veille de week-end, est un jour où une grande partie des usagers est moins pressée et peut s’offrir plus facilement du temps pour flâner à la bibliothèque et choisir des documents qu’elle consultera le samedi et le dimanche. »

 

La pause méridienne (12h-14h00) fait aussi l’objet d’une attente notable. Le samedi, l’attente est à peu près égale, quel que soit le créneau horaire, de 9h à 19h. En revanche, la demande d’ouverture le dimanche est de moindre intensité. Qu’en est-il des non-usagers ? Ils sont plus de mille cinq cent à avoir été interrogés et le premier constat, c’est que près de trois sur quatre sont eux-mêmes d’anciens usagers ! Ce n’est pas en raison des horaires, mais plutôt de contraintes de temps qu’ils se sont détournés de la bibliothèque... Parmi leurs souhaits, c’est la proximité physique du lieu qui arrive en tête ainsi que le fait de pouvoir accéder à des services en dehors des heures d’ouverture. Ils espèrent aussi une meilleure communication sur les activités et les ressources des bibliothèques.

 

Enfin l’enquête s’est intéressée aux agents des bibliothèques concernés. Le taux de réponse est de 99% ! On a mesuré à la fois leur perception de l’attente du public et la leur. S’ils perçoivent bien les attentes  des usagers (horaires identiques tous les jours d’ouverture, vacances scolaires ou pas, horaires exceptionnels pendant les périodes d’examen, ouverture lors de la pause déjeuner, etc.), Mais quelle est l’attente des agents eux-mêmes ? On peut penser qu’une bonne partie d’entre eux estime que le statu quo est souhaitable ; c’est en tout cas l’opinion majoritaire en ce qui concerne l’ouverture les jours fériés et le dimanche. Les agents pensent en outre qu’il est possible d’améliorer les horaires sans les augmenter, mais en les réaménageant. L’ouverture les jours fériés ou le dimanche n’est pas considérée comme une bonne solution. Il en est de même, pour une éventuelle augmentation des horaires pendant les grandes et petites vacances scolaires (qui est pourtant une demande très forte des usagers).

 

En cas d’extension des horaires d’ouverture hors dimanche et jours fériés, les agents interrogés souhaitent une augmentation du personnel et bénéficier de récupérations ou d’heures supplémentaires. Toutes les autres propositions suscitent des réactions majoritairement négatives (recrutement de bénévoles, ouverture limitée à certains espaces de la bibliothèque, modification des jours de repos sur plusieurs semaines, mobilité au sein du réseau, alternance semaine courte et semaine longue).

 

Publié à l'origine sur le site  ActuaLitté

 

 

 

          Bibliothèques : une enquête repousse les idées reçues sur les horaires d'ouverture

Bibliothèques : l'ouverture du dimanche n'est pas une priorité selon une enquête faire auprès des usagers
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2 juin 2017 5 02 /06 /juin /2017 18:41

 

Avec le concept de « troisième lieu », il s’agirait de rendre les bibliothèques plus accueillantes. Pour les auteurs de cette tribune c'est au contraire « une arnaque inspirée du marketing » et où « moins de livres » c'est surtout « plus de vide »

 

De quoi la « bibliothèque troisième lieu » est-elle le nom ? En fait, personne ne le sait vraiment... Ainsi les bibliothécaires de Grenoble se souviennent d’une réunion de « concertation » houleuse à la bibliothèque Alliance, où un bureaucrate de la mairie avait sorti le concept d’un chapeau, sans le maîtriser ni être capable de l’expliquer. Ce n’est pas une exception : la « bibliothèque troisième lieu, c’est le truc à la mode chez les managers des biblis.

 

En fait, l’idée de « troisième lieu » ou « tiers lieu » vient d’un livre de Ray Oldenburg, un sociologue américain. Il a été popularisé en France par Mathilde Servet, une « catégorie A » de la fonction publique (une cheffe quoi), qui en a fait son mémoire de fin d’études à l’ENSSIB (Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques).

 

Depuis, tout le monde emploie le concept comme formule magique pour dépoussiérer cette pauvre vieille institution des bibliothèques... Problème : le livre d’Oldenburg n’est même pas traduit en français et personne ne semble avoir lu le mémoire de Servet (et ce n’est pas son allocution de 10 minutes chrono à Minatec en 2016 sur le thème des « bibliothèques du futur » qui a pu éclairer qui que ce soit). Autrement dit : on parle - et on transforme les biblis - sur du vide. La bibliothèque troisième lieu c’est avant tout une mode.

 

C’est moins de livres, plus de... vide. Justement, un des points importants dans le concept de « bibliothèque troisième lieu », c’est qu’il faut faire de la place. Les livres, c’est trop encombrant, voire oppressant. Une bonne connexion internet serait tout de même beaucoup plus adéquate. Il faut virer toutes ces sales étagères remplies de papier pour finir de mettre tout le monde devant des écrans. Car la bibliothèque troisième lieu, c’est le tapis rouge pour assassiner le livre au profit des technologies numériques. Ainsi, on considère que des dictionnaires ou des abonnements à des journaux ne servent à rien et coûtent trop cher, mais on est prêt à mettre des milliers d’euros dans la construction de « fablabs » (des laboratoires de fabrication sous perfusion numérique) dans les bibliothèques.

 

De quoi la « bibliothèque troisième lieu » est-elle le nom ?

C’est une arnaque inspirée du marketing. « Rendre les espaces attractifs », « innover », « diversifier les usages »... on peut bien parler d’un hall de gare, d’un supermarché ou d’une bibliothèque, ce sont les mêmes concepts de vente qui sont à l’oeuvre. Tout doit glisser, être fluide et facile, ne pas demander trop de réflexion. L’inverse de la lecture ? Peu importe ! La disposition des étagères, le nombre de livres, les têtes de gondoles, la circulation dans l’espace... : les nouvelles bibliothèques se construisent en fonction de critères dictés par le marketing. On répète d’ailleurs dans les formations de bibliothécaires qu’il faut passer de « la logique de l’offre à la logique de la demande ». Les bibliothèques n’ont pourtant rien à vendre, pas même une « ambiance » comme l’affirment certain.e.s, et les usagers ne veulent probablement pas qu’on les considère comme des pigeons à plumer. La bibliothèque troisième lieu c’est prendre les usager-e-s pour des con-ne-s.

 

C’est une méthode de management. Ces logiques néolibérales à l’œuvre dans tous les services publics ont toutes en commun une autre idée force : il faut virer les fonctionnaires, et à défaut les pousser à bout avec des méthodes d’encadrement absurdes. La « bibliothèque troisième lieu », c’est par exemple une plus grande amplitude horaire... avec moins de personnel. Et puisque tous ces livres et leur classement sont devenus inutiles, la bibliothécaire devient « infothécaire » ou mieux, « médiatrice numérique » : elle passe sa journée devant un écran à se décérébrer sur internet pour réaliser des « expositions virtuelles » ou alimenter un compte Facebook. La bibliothèque troisième lieu c’est la destruction du métier de bibliothécaire.

 

C’est un service public... privé. Sortez les kleenex : si on démantèle des bibliothèques, c’est-à-cause-de-la-baisse-des-dotations-de-l’Etat, c’est à cause que y’a plus de sous dans les caisses (mais ça dépend lesquelles, on va le voir). On ne peut pas faire autrement. Par contre, ce que certain.e.s peuvent vous conseiller pour faire tourner votre bibliothèque troisième lieu avec moins de personnel, moins de livres et moins de thunes c’est de « créer des partenariats innovants » : mécénat, fonds privés, soyez créatifs que diable ! Un coin « Dassault News » pour les magazines, un « Salon Google » pour les mercredi après-midis de folie devant un écran... avec le risque que le service ferme le jour où un patron quelconque veut aller s’amuser ailleurs. Nous n’avons donc pas affaire à une idée sympathique, un peu farfelue, pour améliorer les bibliothèques. La bibliothèque troisième lieu, c’est la destruction de la lecture publique par les logiques marchandes.

 

Ce texte a été publié à l'origine sur le site Indymédia

 

Le troisième lieu ?

Le troisième lieu ?

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 11:50

 

Car niveau démagogie, il s'est fait tailler un costard par un autre candidat

 

« Quel est votre programme pour les bibliothèques ? ». C’est la question que le site Archimag a posé aux candidats à l’élection présidentielle. Preuve du désintérêt que représente la lecture publique dans notre pays, seulement cinq d’entre eux, sur les onze déclarés, ont envoyé une réponse truffée de banalités. Pour les autres, Archimag a été obligé d’aller consulter leur programme « pour en extraire les passages les plus significatifs ». Ce qui a permis de relever que certains disent vraiment n’importe quoi.

 

C’est le cas notamment d’Emmanuel Macron (En Marche) et François Fillon (Les Républicains) qui justement avaient refusé de répondre aux sollicitations d’Archimag. On comprend pourquoi. Commençons par Emmanuel comme un soleil, celui qui fait marcher à ses côtés Alain Madelin et Bertrand Delanöe. Il n’a qu’un credo en matière culturelle : « ouvrir les bibliothèques le soir et le dimanche » ! Évidemment, Macron balance ce truc (pas très nouveau d’ailleurs, car récurrent depuis vingt ans) visiblement pour flatter une population étudiante réduite uniquement à une cibles électorale.

 

Pour appuyer sa démonstration, le candidat d’En Marche est prêt à dire n’importe quoi puisqu’il affirme « qu’à Paris, sur 56 bibliothèques municipales, seulement trois sont ouvertes jusqu’à 22 heures ou le dimanche ». Bon, il faut juste savoir que dans la Capitale elles sont au moins six à ouvrir le dimanche et que les trois autres qui faisaient nocturne y ont depuis renoncé faute de fréquentation. Une erreur de chiffrage de un à trois pas très fluctuat pour un énarque. Et même carrément mergitur

 

Mais si l’ancien ministre de l’économie veut ouvrir à tout va, dans son esprit cela ne peut qu’être au rabais. Peut être même….en fermant des bibliothèques puisque le programme de l’ex banquier consistera à continuer de tailler dans les budgets de l’État (et des communes via les dotations) pour tenir la promesse faite à ses amis « de réduire le déficit public » avec l’objectif de soixante milliard d’euros d’économie sur le quinquennat (lire ici).

 

Il n’y aurait alors qu’une seule solution pour Macron pour arriver à satisfaire les tenants des dérégulations des rythmes de travail des bibliothécaires : piquer le programme …de François Fillon ! En effet, toujours dans Archimag, celui qu’on n’imaginait pas être mis en examen propose lui d’élargir les heures d’ouverture des bibliothèques « en développant le bénévolat et en mettant à contribution les jeunes ayant opté pour un service civique culturel ». Pas moins ! De quoi illustrer le mépris qu’ont les politiques à l’égard des professionnels de la lecture publique. En tout cas, question démagogie sur les extensions d’ouverture, Macron s’est fait tailler un costard. Par un spécialiste du genre il est vrai !

 

 

                       Macron se prend une veste sur les ouvertures des bibliothèques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Comme je l'ai dit un jour à un pauvre hère, la meilleur façon de se payer un costard c'est de travailler !

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