Le chauffage est en carafe depuis déjà quatre jours ! Et ça pourrait bien durer...
« En raison d'un problème technique, la médiathèque Jean-Pierre Melville est fermée ce vendredi 7 février 2025 » indique le site officiel de la médiathèque Jean-Pierre Melville située dans le quartier des Olympiades dans le XIIIème arrondissement.
En réalité la médiathèque est fermée depuis plusieurs jours, dès ce mardi 4 février car le dit « problème technique » est en fait une panne général du système de chauffage, ce qui en cette période de grand froid est synonyme de température avoisinant les 10 degrés à l’intérieur de l’établissement.
Si le chauffage a bien été remis en route le lendemain mercredi, il est toutefois retombé en carafe.... deux heures plus tard ! Résultat des courses : la médiathèque a été obligée de refermer dès le jeudi. Et c’est encore le cas ce vendredi.
Il est peu probable que la médiathèque Jean-Pierre Melville soit ouverte demain samedi 8 février vu que le système de chauffage n’est toujours pas réparé à l'heure où nous écrivons ces lignes. Enfin pour rajouter à l’état déplorable du bâtiment, les deux ascenseurs qui desservent les cinq étages de la bibliothèque sont eux en panne respectivement depuis quatre mois pour l’un et un mois pour l’autre. Pas très fluctuat. Et même carrément mergitur !
Si la situation continue à perdurer, les personnels de Melville songent fortement à se mettre en grève à l’instar de leurs collègues de bibliothèque Parmentier (XIe) qui le sont eux aussi cette semaine pour des problèmes de bâtiment. Ce qui sera finalement le cas ce samedi 8 décembre (voir rubrique commentaire NdR).
« Depuis plus d’un an, on nous pompe l’air ! » déplorent les personnels
La bibliothèque Parmentier, située à un jet de pierre de la mairie du XIème arrondissement sera fermée ce jeudi 6 février jusqu'à samedi au moins. Les personnels avaient pourtant averti la Ville de Paris qu’ils étaient prêts à se mettre en grève si rien n’était fait pour améliorer leurs conditions de travail. Visiblement rien n'a été fait à leurs yeux
Tout commence début 2024 : des tests de qualité de l’air sont effectués par un laboratoire spécialisé. Les résultats sont tellement catastrophiques que le rapport n’est pas diffusé et il aura fallu l’intervention des représentants des personnels pour qu’il soit communiqué aux agents au bout de dix mois.
« Globalement, bibliothécaires et usager.es respirent un air insuffisamment renouvelé dans tout l’établissement et par conséquent chargé anormalement en CO2. Cette situation est inacceptable aussi bien pour les agent.es que pour le public » avaient-t-ils pointés dans une lettre ouverte.
Les personnels avaient demandé à leur employeur des réductions d’horaires d’ouverture « pour permettre à l’équipe de se répartir dans l’espace public moins chargé en CO2, en l’absence des usagers pour travailler au lieu d’être tous dans nos bureaux ». Les bureaux sont effectivement saturés en CO2 puisque les seuils dépassent les 1000 ppm, avec des pointes au-dessus de 1500 ppm, selon les capteurs installés sur place. Des chiffres non conformes selon le Haut Conseil de la Santé Public (voir ici).
« Ces horaires, nous permettrons de travailler dans des conditions acceptables jusqu’au travaux » ajoutent les agents de Parmentier dans leurs revendications (voir le détail dans la rubrique commentaire). La mairie de Paris ne leur ayant pas répondu favorablement la bibliothèque est donc fermée ce jeudi jusqu’à samedi inclus. Pas très fluctuat. Et même carrément mergitur !
« Depuis plus d’un an, on nous pompe l’air ! » s'énervent les personnels de la bibliothèque prêts désormais à se mettre en grève
Les agents de la bibliothèque Parmentier (XIe) commencent à perdre patience et ont averti la Ville de Paris qu’ils étaient prêts à se mettre en grève à partir du jeudi 6 février pour dénoncer leurs conditions de travail. Il est vrai que la situation dure depuis un sacré moment…Près d’un an !
Tout commence début 2024 : des tests de qualité de l’air sont effectués par un laboratoire spécialisé. Les résultats sont tellement catastrophiques que le rapport n’est pas diffusé et il aura fallu l’intervention des représentants des personnels pour qu’il soit communiqué aux agents au bout de dix mois. A lire les chiffres de ce rapport les collègues de Parmentier ont compris pourquoi
Maintenant la coupe est pleine. Et dans une lettre ouverte envoyée à la Direction des Affaires Culturelles ils dénoncent « une situation qui perdure depuis novembre 2024 et dont vous avez connaissance sans qu’aucune solution pérenne et concrète ne soit mise en place pour résoudre ce problème de renouvellement d’air ».
Et d’ajouter : « Globalement, bibliothécaires et usager.es respirent un air insuffisamment renouvelé dans tout l’établissement et par conséquent chargé anormalement en CO2 (selon un audit effectué fin 2023 et confirmé par des capteurs de CO2 mis en place depuis quelques mois) avec des pics inquiétants de CO2 relevés dans nos bureaux (..) cette situation est inacceptable aussi bien pour les agent.es que pour le public »
Et les bibliothécaires de Parmentier de prévenir : « Pour toutes ces raisons l’équipe de la bibliothèque est prête à se mettre en grève pour faire valoir ses revendications et a sollicité un syndicat pour le dépôt d’un préavis à compter du jeudi 6 février ». Pas très fluctuat pour la mairie de Paris.
De fait, le réseau des bibliothèques municipales parisiennes a l'air mal en point en ce moment avec les fermetures successives des bibliothèques Sagan (Xe), Italie (XIIIe) ou encore Duras (XXe). En attendant maintenant Parmentier ? Ce serait alors du pur mergitur !
Il faut dire que cette fois, un plafond s’est effondré !
Après les médiathèques Françoise Sagan (Xe) et Marguerite Duras (XXe), c’est une nouvelle bibliothèque parisienne qui a dû fermer ses portes en urgence ces derniers jours, celle de la Place d’Italie (XIIIe).
En cause : les pluies qui se sont abattues sur la capitale et ont inondé l’établissement. Une fois de plus car l’étanchéité du toit pose problème depuis des années et cette fois, en plus du dégât des eaux, c’est un plafond qui s’est effondré dans un des bureaux. Si bien que ce samedi, les agents excédés se sont mis en grève. La bibliothèque était toujours fermée au public hier mardi et n’ouvre, pour le moment, aujourd'hui et demain que de manière très partielle au rez-de-chaussé avec juste le retour des documents.
Dans une lettre ouverte à la mairie de Paris, les bibliothécaires de la Place d’Italie dénoncent pêle-mêle « des conditions de travail et d’accueil mettent en danger la santé des personnels et des usagers, ce qui est inacceptable ». « Aujourd’hui, ce n’est pas moins de trois fuites d’eau que nous déplorons, dont l’une avait été colmatée par des travaux depuis août seulement après des mois d’insistance (et des dizaines de documents perdus), et une autre qui, faute d’intervention, a causé l’effondrement du plafond du bureau jeunesse ». Pas très fluctuat
Les personnels déplorent aussi « des problèmes fréquents avec notre ascenseur, dont les portes refusent de s’ouvrir, piégeant usagers et collègues à l’intérieur et nous forçant à remonter les documents rendus de deux étages à la main ». Et là, c'est carrément mergitur.
Dans un courrier envoyé à l’administration, l’équipe de la médiathèque explique pourquoi « elle a décidé de s’opposer à une ouverture « dégradée »
La médiathèque Françoise Saga, située dans le quartier de la Gare de L’Est dans le Xème arrondissement de Paris est fermée depuis près d’un mois en raison de l’état du bâtiment (lire ici). Une fermeture qui risque fort de se prolonger.
Dans un courrier envoyé à l’administration, l’équipe de la médiathèque explique pourquoi « elle a décidé de s’opposer à une ouverture « dégradée » et se déclare prête à se remettre en grève pour faire valoir ses revendications ». Elle n’en aura pas besoin pour le moment car il est déjà acté sur le site officiel de l’établissement que cette fermeture ira au moins jusqu’au mardi 28 janvier.
Il faut dire que les conditions d’ouverture proposées par la Ville de Paris étaient on ne plus baroques puisque il était question de fermer entièrement le rez-de-chaussée ! Il est vrai que le chauffage ne marche toujours pas ! Pas très fluctuat en cette période de froid….
Ajoutons à cela des issues de secours « qui tombent régulièrement en panne ». « Nous souhaitons la venue de la commission de sécurité qui aurait dû avoir lieu en 2024 » précise d’ailleurs le même courrier pour pointer le manque de sécurité du bâtiment
Quant à une solution pour ouvrir dans un futur plus ou moins proche, même le responsable des bibliothèques parisiennes venu voir les personnels aurait « reconnu qu’il n’est pas possible d’ouvrir le bâtiment dans ces conditions», et même aurait « émis des doutes quant à la résolution technique des différents problèmes sur le court et moyen terme » rapportent les agents. Plutôt mergitur !
« Les biens et les personnes ont été saufs grâce à l'intervention rapide des pompiers et au sang-froid des agents sur place » a précisé la bibliothèque
C‘est ce que l’on appelle la loi des séries : après la médiathèque Françoise Sagan (Xe) fermée pour une durée indéterminée suite à de sérieux problèmes de bâtiment (lire ici) c’est au tour de la médiathèque Marguerite Duras (XXe) de subir le même sort
Tout commence le 2 janvier lorsque en arrivant pour la nouvelle année les agents constatent que les plombs ont sauté et que le tableau électrique est inutilisable. Une fermeture d’une journée ou deux est alors envisagée.
C’est désormais une fermeture sine die qui se profile puisque « la médiathèque restera fermée jusqu'à la résolution d'une panne électrique impactant le bâtiment » est-t-il indiqué sur le site internet de l’établissement. En fait de simple panne électrique, la situation serait bien plus sérieuse.
En effet, selon un communiqué publié sur son compte Facebook on apprend désormais que c’est un « un grave incendie qui a touché la médiathèque Duras. Les biens et les personnes ont été saufs grâce à l'intervention rapide des pompiers et au sang-froid des agents sur place ». Plutôt fluctuat ! Et même carrément mergitur !
Son inauguration date pourtant d’à peine dix ans !
Comme c’est joliment dit ! « En raison d'un problème technique, la médiathèque sera fermée les 27 et 28 décembre. Pour les jours suivants, merci de vous renseigner avant de vous déplacer. ». C’est l’annonce faite sur le site officiel de la médiathèque Françoise Sagansituée du côté de la gare de l’Est dans le Xème arrondissement de Paris.
En réalité la fermeture pourrait durer bien plus longtemps car cette médiathèque, pourtant inaugurée il y a dix ans à peine, est dans un état de délabrement inquiétant si l’on en croit les agents et les usagers. Les avaries sont en effet pléthores : plus de chauffage, ascenseur public en panne, trois sorties de secours hors service, renouvellement de l’air insuffisant dans les espaces de travail du fonds patrimonial, problèmes électriques récurrents…. N’en jetez plus. C’est en tout cas ce qu’affirment les personnels dans un tract affiché devant la bibliothèque (voir ici).
Une information d'ailleurs confirmée en creux par la mairie de Paris. Car Si les agents se sont mis en grève le jeudi 26 décembre, la fermeture semble maintenant vraiment administrative selon le site de la bibliothèque qui parle désormais de « problèmes techniques ». Il est vrai que les conditions de sécurité n’étaient plus vraiment respectées.
Une situation qui avait déjà interpellé des usagers il y a plusieurs jours de cela, donc avant cette fermeture inopinée, pour qui « ça sentait la fin »dans post publié sur le réseau X.avec quelques photos bien senties reproduites ici.Et les riverains d’ajouter vachards : On espère que 2025 verra l’entretien de cet équipement municipal au cœur du Quartier d’Accessibilité Augmentée inauguré à grand renfort de journalistes étrangers il y a 6 mois ». Pas très fluctuat et même carrément mergitur !
« Nous ne sommes ni une priorité en termes de salaire, ni de budget, et encore moins d’infrastructures. Nous sommes clairement les dindons de la farce » témoigne un bibliothécaire parisien
Les syndicats Supap-FSU, CGT et FO ont appelé à une grève des bibliothécaires municipaux ce jeudi 10 octobre, à la suite d’un communiqué dénonçant de fortes coupes budgétaires de la part de la Ville de Paris. Ils exigent plus de moyens pour leurs établissements, des augmentations de salaire et la création de nouveaux postes. Cette mobilisation survient après des restrictions sur les achats de nouveaux livres et documents, qui sont désormais étalés sur plusieurs mois, voire reportés à 2025, bien que la Ville assure que les acquisitions ne sont pas totalement arrêtées, mais « priorisées ».
Le personnel dénonce un fort gel des commandes, affectant la disponibilité des nouveautés dans leurs rayons depuis juillet dernier. La municipalité assure que le budget des bibliothèques n’est pas réduit, mais qu’il doit simplement être « réajusté » en fonction des priorités budgétaires de 2024 – d’après un récent mail adressé aux syndicats par Olivier Moriette, sous-directeur de l’éducation artistique et des pratiques culturelles à la Ville.
Jean (le prénom a été changé), employé de la médiathèque Hélène-Berr, dans le XIIᵉ arrondissement, déplore « une communication non assumée » de la part de la municipalité : « On a eu des explications très alambiquées et tardives, ce qui amène à une grosse perte de confiance du personnel vis-à-vis de la direction. À ma connaissance, c’est une première dans le milieu. La coupure touche tous les corps de la Ville […]. Mais notre filière à la base est déjà moins bien payée que les autres services culturels de la Ville. Nous avons actuellement les primes les plus faibles ».
Les syndicats réclament une revalorisation de leurs indemnités, de nouveaux postes et une augmentation des effectifs dans les bibliothèques. Ils déplorent également des conditions de travail difficiles. Beaucoup d’entre eux exercent leur métier dans des bâtiments délabrés, avec de nombreuses fuites d’eau, des murs défraîchis et des ascenseurs parfois en panne durant plusieurs mois. Le comble : certains établissements sont parfois privés de dispositif antivol. Pour la Mairie, un renouvellement des systèmes de sécurité coûterait trop cher par rapport aux revenus, alors que d’autres bibliothèques (à Paris et ailleurs), dépourvues de portiques, ne constateraient apparemment pas plus de vols.
Enfin, une directive de suppression des plastiques à usage unique à l’échelle communale devrait également impacter le matériel, puisqu’ils seront désormais interdits dans le cadre de la protection des livres. Argument cocasse, car c’est pourtant le principe même d’une bibliothèque, comme le rappelle Jean : « Un livre qui est emprunté quatre, cinq, six fois n’est pas à usage unique (la plastification servant à le protéger). Ça va donc être un gaspillage d’argent colossal, car nous allons devoir racheter beaucoup plus souvent des exemplaires. Selon la Mairie, le budget qui servait au plastique sera réinjecté dans l’achat de nouveaux livres, mais on sait pertinemment qu’ils cherchent à économiser dans toutes les directions… »
Le Supap-FSU, la CGT et FO dénoncent une hypocrisie totale de la part des élus, entre autres Aurélie Filippetti, directrice des affaires culturelles de la Ville de Paris, qui a réaffirmé que les bibliothèques, la lecture et la lutte contre l’illettrisme étaient la priorité de sa mission. À ce jour, le constat est tout autre, comme nous l’assure Jean : « Nous ne sommes ni une priorité en termes de salaire, ni de budget, et encore moins d’infrastructures. Nous sommes clairement les dindons de la farce » ;
C'est peu dire que la réponse de la Ville de Paris a surpris pour le moins, tous les professionnels du secteur. Pour dénoncer ce discours, les syndicats appellent à une mobilisation le jeudi 10 octobre.
Les bibliothécaires de la Ville de Paris avaient sonné l'alerte lors d'une réunion organisée par les syndicats : toutes les commandes sont bloquées depuis juillet. Pire, les factures auprès des fournisseurs ne seraient plus payées depuis plusieurs semaines. Information confirmée par l'administration parisienne dans le journal Le Parisien : « Les factures engagées depuis juillet et encore non honorées » doivent être réglées en priorité, pour « soulager les fournisseurs les plus fragiles et éviter des pénalités ». Ce qui signifie que ce n'était pas encore le cas au mois d'octobre.
Quant aux crédits gelés pour toutes les bibliothèques parisiennes, là encore cette nouvelle a été confirmée par la mairie de Paris à Livres-Hebdo et au Parisien: « Les bibliothèques font aujourd’hui face à « une insuffisance de crédits de paiement par rapport aux prévisions d’exécution de la direction des affaires culturelles (DAC), notamment pour l’achat des collections » déclarait ainsi un haut fonctionnaire de la Ville. Avec pour corollaire une absence de nouveautés pour au moins neuf mois (de juillet à mars date du prochain exercice budgétaire).
Pour expliquer cette « faillite » la Ville se retranche derrière la construction...d'un nouvel établissement pourtant programmée il y a dix ans. La municipalité évoque notamment d’importantes dépenses pour les « nouveaux équipements de lecture publique, tels que la médiathèque James-Baldwin », dans le XIXe, ouverte cet été » peut-on lire dansLe Parisien.
Cette communication n'est évidemment pas du goût des agents du secteur culturel qui sont par ailleurs les parents pauvres de la municipalité parisienne avec les primes les plus basses de toute la collectivité. C'est pourquoi les syndicats Supap-FSU, CGT et Force Ouvrière appellent à une mobilisationpour interpeller l'administration parisienne, le jeudi 10 octobre devant la médiathèque Hélène-Berr (XIIe) où est organisé un grand symposium des directeurs des bibliothèques de la capitale (Iire ici).
Dernière minute : l'administration (face au risque?) a décidé d'annuler purement et simplement ce symposium. Les syndicats appellent pour le même jour, en lieu et place, à un rassemblement au siège de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris dans le quartier du Marais.
Crise dans les bibliothèques : La Mairie de Paris connait ses classiques....
La Ville de Paris a indiqué aux bibliothécaires devoir « prioriser » les acquisitions prévues cette fin d’année, en raison de dépenses trop importantes début 2024. De quoi susciter l’inquiétude de représentants du secteur.
Pourra-t-on trouver le tout dernier album de Lady Gaga ou le nouvel Amélie Nothomb sur les étagères des bibliothèques municipales parisiennes ? La question préoccupe la soixantaine d’établissements publics de la capitale. Depuis mi-septembre, la quasi-totalité des commandes de livres, CD et DVD resteraient bloquées à la case comptabilité.
« Nous avons appris que le problème s’était déjà posé en mai pour certains établissements, témoigne Julie* (*les prénoms suivis d’un astérisque ont été changés),bibliothécaire. Maintenant, ça concerne tout le monde. » Un mail envoyé en début de semaine, que Le Parisien a pu consulter, est venu confirmer les rumeurs qui couraient dans les rayonnages depuis la rentrée. « La Ville connaît des contraintes sur l’exécution de son budget 2024, qui conduisent chaque direction et chaque équipement à prioriser ses besoins », écrit Olivier Moriette, sous-directeur de l’éducation artistique et des pratiques culturelles à la municipalité.
« On espère que ce n’est que conjoncturel et que ces baisses ne se poursuivront pas en 2025, réagit Amélie*, représentante syndicale de la SUPAP-DAC. Autrement, nous serons dans l’incapacité de renouveler nos collections. Or, quand un client paye 61 euros par an pour avoir des CD et DVD, il est légitime qu’il veuille des nouveautés. » Selon elle, le budget moyen de fin d’année serait entamé de 20 à 30 %. « On n’a encore reçu aucune consigne à ce sujet alors que la clôture budgétaire se fait fin octobre », s’inquiète-t-elle.
Les bibliothèques font aujourd’hui face à « une insuffisance de crédits de paiement par rapport aux prévisions d’exécution de la direction des affaires culturelles (DAC), notamment pour l’achat des collections », justifie le mail. La municipalité évoque notamment d’importantes dépenses pour les « nouveaux équipements de lecture publique, tels que la médiathèque James-Baldwin », dans le XIXe, ouverte cet été. Pas de « baisse du budget alloué aux bibliothèques, ni de gel », balaie cependant la municipalité. « L’enveloppe pour les bibliothèques avait légèrement augmenté cette année, au-delà des quatre millions d’euros, ajoute Carine Rolland, adjointe (PS) à la maire de Paris en charge de la culture. Il y a eu beaucoup de dépenses en début d’année ce qui nécessite de les étaler désormais, mais en aucun de les annuler. (…) L’enveloppe est en voie d’être consommée. »
« Il n’y a pas de rupture dans les commandes, mais une priorisation et un étalement des dépenses sur les derniers mois de l’année, certaines pouvant être décalées en 2025 », précise Olivier Moriette. « Les factures engagées depuis juillet et encore non honorées » doivent être réglées en priorité, pour « soulager les fournisseurs les plus fragiles et éviter des pénalités ». Pour être en mesure de « poursuivre les acquisitions à un niveau compatible avec les crédits encore disponibles », ce dernier promet qu’un « nouveau tableau mis à jour des acquisitions » de chaque bibliothèque sera communiqué dans la semaine. Ce document « servira de base pour déterminer l’enveloppe restante ».
« Ce qu’on comprend, c’est que les caisses sont vides et qu’ils cherchent à économiser de l’argent partout, souffle Julie. Ça concerne tous les services de la Ville, mais la DAC semble particulièrement touchée parce que n’est que de la culture. ». Une information que Patrick Bloche ne confirme pas. « Cette priorisation n’est pas la conséquence d’une baisse budgétaire, assure le premier adjoint à la maire. À ma connaissance, au moins dans mon champ (d’activité), il n’y a pas eu de demande de priorisation », poursuit l’élu, également en charge de la petite enfance.
Une hypothèse que réfute la municipalité, qui souligne « l’importance actuelle de la vitalité de l’écosystème des bibliothèques et médiathèques parisiennes » avec ses soixante-neuf équipements répartis sur l’ensemble de la capitale. « En 2023, année record, 5,3 millions de visiteurs se sont rendus dans les bibliothèques et médiathèques pour effectuer 10 millions de prêts », rappelle la Ville. Reste que dans certaines bibliothèques, toujours convalescentes après les confinements liés à la crise sanitaire, « le manque de nouveautés peut entraîner immédiatement une baisse des emprunts », redoute Julie. De quoi « creuser les problèmes de visibilité et d’attractivité » de ces structures, s’inquiète-t-elle.
La municipalité maintient de son côté que cet étalement des commandes « n’a pas d’incidence notable sur la qualité et la richesse de l’offre » au sein du réseau des bibliothèques de la Ville. « On nous a dit que les produits les plus attendus comme les livres de la rentrée littéraire devraient être commandés, confirme Amélie. Mais on ne sait pas si on pourra tout avoir. » Les nouvelles perspectives budgétaires pour l’année 2025 seront votées par le Conseil de Paris du mois de décembre, notamment en matière de lecture publique. C’est « l’un des piliers de notre politique culturelle avec des moyens dédiés considérables », vante la Ville de Paris. Elle y alloue aujourd’hui 178,2 millions d’euros.