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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 15:28

 

ActuaLitté : le 8 mars 2017

 

Des bibliothécaires parisiens avaient choisi la date du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, pour se réunir devant l'Hôtel d'Albret, qui abrite la direction des affaires culturelles de la Ville de Paris. L’occasion d’un échange « vif » avec les hauts cadres de l’administration

 

 « Nous sommes ici, d'abord, parce que nous sommes des femmes », répondent d'emblée deux bibliothécaires d'Hélène Berr, médiathèque située dans le XIIe arrondissement de Paris. « Nous sommes aussi ici parce que notre métier est précarisé, comme ceux qui relèvent, du social ou de l'éducation. Institutrices, infirmières, bibliothécaires... Nous sommes des femmes, et cela suffit visiblement à impliquer un traitement que l'on fait au temps de vie des femmes qui n'est pas le même que celui que l'on fait aux hommes. »

 

Si les élus et politiques interpellés n'ont pas répondu à l'appel des bibliothécaires mobilisés, l'engagement des présents est palpable. Sur les quelques 70 bibliothécaires rassemblés dans la cour de l'Hôtel d'Albret, on distingue à la fois des hommes et des femmes : ce qui les réunit là est un souci commun pour la fonction publique et le service qu'elle assure. Depuis plusieurs semaines, une partie des personnels de la ville, soutenue par l'intersyndicale, a entamé un mouvement pour protester contre l'ouverture des bibliothèques parisiennes le dimanche dans les conditions proposées par la mairie, qui ne leur conviennent pas.

 

Le sujet est toujours au cœur des revendications : des dix postes réclamés au départ pour l'ouverture du dimanche de la médiathèque Hélène Berr, les personnels sont passés à deux : en face, la mairie leur propose deux contractuels à temps non complet, qui travailleraient le dimanche à Hélène Berr et dans un des soixante lieux de lecture publique de Paris le reste du temps, puis la mise en place d'une équipe volante, constituée, à terme, de titulaires, qui interviendrait dans les différents établissements selon les mêmes modalités. « Cela ressemble à une organisation du travail qui relève de la grande distribution ou du commerce : on reconnaît qu'il manque des agents, mais on ne crée pas de postes. On ne peut pas en accepter le principe », résume Marie-Claude Sémel, déléguée syndicale FSU. « Nous ne sommes pas une corporation, nous sommes là pour le service public, nous défendons nos primes, nos conditions de travail, notre vie de famille », nous explique une bibliothécaire d'Hélène Berr. « Le traitement que nous réserve la mairie touche à la fois les femmes et les hommes ».

 

Du travail du dimanche aux droits des femmes, les sujets fâchent dans les rangs des personnels. D'autant plus que « la mairie d'Anne Hidalgo se dit open, féministe et concernée », et ne lésine pas sur la communication en ce sens. « On nous abreuve de messages sur les droits des femmes ou les Jeux olympiques, puis on nous répète qu'il n'y a plus d'argent », souligne un bibliothécaire. Dans les rangs, le revirement de la maire de Paris sur le travail du dimanche ou l'opération Autolib avec Vincent Bolloré sont cités pour critiquer ouvertement la politique d'Anne Hidalgo. Alors que les personnels occupaient depuis une heure environ la cour de l'Hôtel d'Albret, Noël Corbin, directeur des affaires culturelles de la Ville de Paris, Véronique Astien, sous-directrice de l’éducation artistique et des pratiques culturelles, et Stéphane Lagier, sous-directeur de l'administration générale de la direction des affaires culturelles, sont allés à leur rencontre pour entamer un dialogue parfois tendu.

 

Bibliothécaires en grève à Paris : les hauts cadres de la direction des affaires culturelles sont allés à leur rencontre pour entamer un dialogue parfois tendu.

 

Le premier sujet porte sur le régime indemnitaire, qui désigne des primes versées pour compléter le traitement budgétaire, le salaire de base, « souvent inférieur au SMIC ». Ce régime indemnitaire peut représenter jusqu'à 20 % du salaire, et les bibliothécaires ont le plus faible de toute la Mairie de Paris, « et l'administration le reconnaît » insiste Bertrand Pieri, délégué syndical CGT. Les personnels réclament une augmentation de 100 % de la prime moyenne annuelle qui leur est réservée, soit environ 3400 €, pour atteindre 6000 € au total. « Dans la filière administrative, ce régime peut atteindre 9 à 12.000 € », rappelle-t-il.

 

« Vous avez un effet de sidération et d'injustice face à ce décalage, nous en sommes parfaitement conscients », tempère Stéphane Lagier. « Nous sommes dans une démarche de progression, même si l'on peut dire que ce n'est pas assez. » « Je ne suis pas adjoint aux finances, c'est l'exécutif qui décide de la ventilation du budget », complète Noël Corbin, en insistant sur le fait que l'administration a reconnu « une injustice ». L'administration parisienne a proposé aux personnels d'obtenir 1000 € cette année, puis environ 600 € d'augmentation annuelle deux ans plus tard, ce qui termine de froisser les intéressés. « Pourquoi nous le faisons sur trois ans ? Parce que sur une année, budgétairement, ce n'est pas possible, la Ville n'en a pas les moyens. On le fait sur trois ans pour monter en force progressivement », assure Noël Corbin, tandis que les syndicats dénoncent « une proposition d'augmentation de 0,5 quand l'écart est de 1 à 4 » entre certaines catégories.

 

Sur l'ouverture du dimanche, la direction des affaires culturelles assure que le dialogue avec les personnels est permanent : « J'avais dit dès juillet dernier, à Hélène Berr, que nous allions ouvrir et voir au fur et à mesure. C'est ce que l'on fait. Nous n'avons pas dit : “C'est comme ça et pas autrement” », rappelle Noël Corbin. Selon le directeur des affaires culturelles, le renfort de deux contractuels et la mise en place d'une équipe volante est un premier pas vers le bon fonctionnement des établissements le dimanche. « C'est une solution d'équipe de renfort que nous sommes en train de mettre en place » défend Véronique Astien, sans convaincre les bibliothécaires présents.

 

« Des femmes vont se retrouver à devoir accepter ces emplois à temps partiels, nous allons être complices de la précarisation des femmes ? », s'inquiète l'une d'entre eux. « Pourquoi ne pas négocier une matinée supplémentaire d'ouverture avec l'adjoint à la culture Bruno Julliard ? Cela permettrait de revenir aux horaires antérieurs, en plus. Pourquoi cette obstination à ne pas embaucher ? », s'interroge Bertrand Pieri. Si elle évoque à nouveau les contraintes budgétaires, l'administration parisienne assure qu'elle sera aux côtés des personnels tout au long des mises en place des ouvertures du dimanche : « Toute personne qui ne veut pas travailler le dimanche voit avec le bureau des bibliothèques, on regardera les pistes, les postes et nous travaillerons avec vous, c'est un engagement. Les conditions physiques, hygiène et sécurité seront respectées, c'est ma responsabilité de directeur », assure Noël Corbin.

 

Malgré cette intervention attendue de la direction des affaires culturelles, certains ne se privent pas de témoigner pour appuyer leur présence en cette journée des droits des femmes : « J'ai passé trois concours, je suis bientôt à la retraite, je suis obligée de prolonger, ça fait quarante ans que je travaille dans les bibliothèques. Ma retraite va être de 1500 €. J'ai dû, en tant que femme, m'arrêter de travailler parce que j'ai eu des enfants, j'ai travaillé à 50 et à 80 %, je n'ai pas pu passer le concours de bibliothécaire parce que j'ai divorcé, je n'ai pas pu me rendre à Lyon... Voilà la situation des femmes aujourd'hui au bord de la retraite : 1500 € avec un loyer de 800 €, comment fait-on ? ».

 

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Bibliothécaires en grève à Paris : les hauts cadres de la direction des affaires culturelles sont allés à leur rencontre pour entamer un dialogue parfois tendu.
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