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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 16:47

 

Libération : le 12 août 2013

Pendant ce temps là, les conseillers en charge des transports à la Mairie de Paris sont « en vacances » d’après l’Hôtel de Ville !

Un soir d’été, aux abords du parc de la Villette (Paris, 19e arrondissement). Deux gosses déboulent sur un Vélib’, volé a priori (l’attache du vélo a disparu), sur une des rares stations de vélos en libre-service encore ouvertes dans le quartier. Il fait encore jour et il y a de nombreux passants mais ça n’empêche pas l’un des ados de sortir un gros tournevis et de s’attaquer à une bornette. Il essaie de desceller l’attache d’un vélo, une fois, deux fois, rien à faire, ça ne lâche pas. Une femme d’une quarantaine d’années l’interpelle et commence à prendre des photos avec son téléphone. « J’appelle les flics ! ». Les deux apprentis voleurs de bicyclettes prennent la tangente.

La scène a un air de déjà-vu dans le nord-est parisien, où les vols de Vélib’ sont en pleine recrudescence. Tabou pendant longtemps (JCDecaux, le prestataire, refuse toujours d’aborder le sujet), l’ampleur du phénomène a forcé la mairie de Paris à communiquer pour répondre à la colère des usagers dans un post de blog (1). Sur le site dédié au service, qui compte 250 000 abonnés annuels, Stéphane Thiébaut, responsable des déplacements en Vélib’ et Autolib’ à la Direction parisienne de la voirie et des déplacements, annonce que « les années 2012 et 2013 marquent le retour à un très haut niveau du vol et du vandalisme », particulièrement pendant les vacances scolaires. « C’est un phénomène récurrent qui s’accentue avec les beaux jours » confirme la mairie d’Aubervilliers, où 1 000 Vélib' ont été volés ou vandalisés depuis le début de l’année, alors que la ville ne dispose que de 10 stations pouvant accueillir 500 vélos.

 

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« Pour 2012, 9 000 vélos volés ou vandalisés ont été comptabilisés » détaille l'article de l’Hôtel de Ville, avant de préciser que « le phénomène est très concentré sur le nord-est parisien et les communes avoisinantes », concernant « une cinquantaine de stations au quotidien ». A l’heure actuelle, une vingtaine de stations de cette zone (couvrant le 18e, 19e et 20e arrondissements ainsi que Pantin, Aubervilliers et Bagnolet) ont été fermées « jusqu’à nouvel ordre ». Il y est donc impossible de déposer ou de retirer un Vélib’, obligeant les usagers de ces quartiers à déposer leur vélo de plus en plus loin de leur lieu de déplacement, voire à abandonner temporairement le service.  

Qui sont les voleurs de Vélib' ? « Principalement des mineurs, explique Christophe Crépin du syndicat UNSA Police. C’est une criminalité saisonnière, liée à d’autres actes d’incivilité, principalement parce que ces jeunes sont désœuvrés. Ils n’ont pas l’impression de voler quelqu’un mais juste de s’en prendre à l’Etat.» Pas de filières organisées et spécialisées donc, malgré les fantasmes alimentés par la désormais célèbre photo du Vélib’ à Bamako. « Les vélos sont difficilement revendables en France, ajoute Christophe Crépin, il s’agit généralement plus d’opportunisme qu’autre chose.»  

 

                                                                          Lui aussi, il aime la bicyclette

                    chirac-pedale

                                            « Il s’agit généralement plus d’opportunisme qu’autre chose.»  

 

A la mairie d’Aubervilliers, on a une analyse plus sociologique du phénomène : « Dans les quartiers, c’est un peu devenu un rite initiatique, un symbole de virilité pour les 13-16 ans que de voler un Vélib’. Après, il y a aussi le fait que le service a longtemps été perçu comme un élément allogène sur "leur" territoire, une pratique issue de la culture bobo. Qu’ils se sont réappropriée de manière délictueuse.»

Les techniques de « prédation », terme utilisé par les municipalités, changent d’année en année. « L’été dernier, on a eu une grosse vague de vols car ils avaient trouvé une combine en ouvrant les trappes d’alimentation électrique des stations, se rappelle-t-on à la mairie du 19e. Ils coupaient les fils et désactivaient les bornes. Aujourd’hui c’est plus de l’arrachage pur et simple en secouant le vélo jusqu’à ce que l’attache cède...».

 

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La plupart des Vélib' sont d’ailleurs retrouvés, souvent endommagés, à proximité de leur lieu de disparition. Ce qui a un coût pour la mairie de Paris, qui s’est engagée avec JCDecaux à prendre en charge les frais au delà de 5% de dégradation ou de disparition du parc de Vélib’, à hauteur de 400 euros par vélo perdu.

A Paris, le fait que « les mineurs s’avèrent être les principaux auteurs de ces actes complique la réponse judiciaire » reconnaît Stéphane Thiébaut de la mairie de Paris. D’autant plus que dans ces quartiers, comme le souligne le policier Christophe Crépin, « la surveillance des Vélib’ n’est pas vraiment une priorité », en raison de la criminalité importante de ces arrondissements.  

Une convention entre le parquet de Paris et la préfecture de police a cependant été mise en place pour contraindre les mineurs pris sur le fait à des travaux d’intérêt général : un passage de 48 h dans les ateliers de réparation de JCDecaux est prévu. Le parquet de Bobigny planche actuellement sur une convention similaire.

 

                                             Pub%20velo%20hirondelle

                                                      Vol de Vélib':  La Police va renfourcher ses Hirondelles

 

Par ailleurs, les municipalités réfléchissent à différentes manières de compliquer la tâche des voleurs : caméras de surveillance à Orléans, petits plots bloquant la roue arrière pour empêcher les « arrachages latéraux » à Aubervilliers, stations protégées dans des espaces fermés, maraudes de « médiateurs de l'espace public ».

Mais en banlieue comme à Paris, l’accent est désormais mis sur la sensibilisation. « Il faut casser ce phénomène de mode, explique-t-on à la mairie d’Aubervilliers. C’est bien que la mairie de Paris soit sortie du silence et assume le problème. On veut tout faire pour garder le système mais on ne peut pas cacher nos difficultés aux utilisateurs ». Des actions pédagogiques dans les collèges et une campagne de communication auprès des habitants des quartiers concernés devraient se mettre en place à la rentrée.

(1) L’Hôtel de Ville n’a cependant pas souhaité répondre à nos questions pour cause de « vacances de ses conseillers en charge des Transports ». 

Lire l’article de « Libération » 

 

                                                            Vélib': les voleurs en ont encore sous la pédale !

                    Poulidor%20raconte%20Poulidor%20-%20sur%20des%20sons%20d'Yv

                                                 -  Ouais facile, ils sont pas partis à Paris-Plage, eux !

 

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Tour de France: Pour les 5 ans de vélib’, la Mairie de Paris assure l’indépendance énergétique de la France !

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