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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 08:35

 

L’express : le 18 janvier 2012

 

L’adjoint à la culture de Delanoë, Christophe Girard a voulu être ministre de la Culture de Sarkozy

 

On me reproche quelquefois, ces derniers temps, de critiquer sévèrement dans mon livre, mes articles ou ce blog, le « sarkozysme culturel » et d’en oublier les erreurs ou les faiblesses de la « gauche culturelle ».

 

Comme le lecteur avisé pourra le constater, j’ai pourtant critiqué dans « J’aime pas le sarkozysme culturel », toute une série d’ambitions à gauche, qui ont mené au « sarkozysme culturel ». Je reviendrai prochainement sur ce blog, en détail, sur certains cas d’école.

 

Mais prenons un petit exemple très symbolique, quoique la personne soit peu connue du grand public : celui de Christophe Girard, l’adjoint à la Culture du maire de Paris, Bertrand Delanoë.

 

Girard vient de publier un ouvrage riquiqui au titre un peu mégalomane : Le Petit livre rouge de la culture, dans lequel il annonce son programme s’il devient ministre de la Culture (un titre mégalo mais aussi indécent quand 65 millions de Chinois sont morts du fait des petites idées rouges de Mao Zedong : pourquoi pas le Petit Mein Kampf de la culture puisqu’on y est ?). [Disclaimer : je signale que ce livre paraît chez Flammarion, qui est aussi mon éditeur]

 

Dans ce non-livre de moins de 100 pages, relevons tout d’abord que des passages entiers sont empruntés à une note de la fondation Terra Nova datée de octobre 2010, et notamment à son groupe de travail « culture », coordonné par Olivier Poivre d’Arvor, et dont la note est rédigée par Gaspard Gantzer et Catherine Sueur. Étrangement, cette note n’a pas été publiée : elle a servi en interne à nourrir le projet de la gauche. Reste qu’il suffit de lire le livre et la note pour constater qu’au moins une vingtaine de pages sont parfaitement identiques. (La référence à Terra Nova est simplement mentionnée p. 27 en note de bas de page, bien que Girard n’ait pas participé aux travaux de la dite commission, et dont il oublie en outre de citer le responsable… Toutefois, Gaspard Gantzer travaillant alors pour Christophe Girard, l’adjoint au maire de Paris pourra toujours dire qu’il a « influencé » le travail de Gantzer…).

 

Visiblement donc, le plagiat fait école. Mais il y a plus grave. L’une des propositions phares de Girard est de créer un « grand ministère de la Culture, de la Communication et du Numérique ». C’est une bonne idée – sauf qu’elle vient de Sarkozy. Et Girard, justement, l’a déjà faite à Sarkozy.

 

                                                       girard

                                                                                         Péché d'orgueil ?

 

Comme on peut le lire dans mon livre, J’aime pas le sarkozysme culturel, où je le révèle : Christophe Girard a rêvé d’être le ministre de la Culture d’ouverture de Sarkozy (voir pp. 145 et 146).

 

On le sait peu mais au printemps 2009, au moment où Christine Albanel allait être virée, et Frédéric Mitterrand finalement être nommé ministre de la Culture, Christophe Girard a, lui aussi, voulu ardemment être ministre de Sarkozy. La rumeur avait déjà fuité, notamment dans Rue89. Girard avait fait sortir dans la presse (AFP et JDD) son nom afin d’être dans la liste finale. Il faisait campagne à l’Élysée, à Matignon et utilisait tous ses réseaux pour entrer rue de Valois. Il s’est même poussé du col auprès de Carla Bruni-Sarkozy qu’il connaissait via les milieux de la mode, de son passé chez YSL, et de la lutte contre le sida. C’est un fait : Girard a rêvé d’être ministre d’ouverture de Sarkozy.

 

Il est allé plus loin. Girard a pris contact avec Martin Hirsch, alors Haut Commissaire du gouvernement Sarkozy, avec rang de ministre, et l’a mis dans la confidence. Il lui a annoncé sa nomination imminente comme « ministre de la Culture, de la Communication et du Numérique » de Sarkozy et lui a demandé des conseils pour préparer son entrée au gouvernement.

 

En fait, tout cela n’était que du « wishful thinking ». Il était le seul à en rêver et à y croire. A l’Élysée, où on m’a confirmé de première source ses interventions intempestives, on affirme que lorsque ce nom a été évoqué devant le président Sarkozy, celui-ci « ne voyait pas très bien qui était ce Girard. » J’ai interrogé sur ce point plusieurs conseillers du président Sarkozy dont les témoignages sont concordants.

 

A la mairie de Paris, l’ambition de Girard est connue et c’est même un « running gag ». Plusieurs conseillers de Delanoë, nombre d’adjoints, m’en ont parlée. « Il a trahi Pierre Bergé pour LVMH, les Verts pour le PS, Delanoë pour Ségolène Royal puis DSK : vouloir être ministre de Sarkozy était dans l’ordre des choses », décrypte avec humour une des principales conseillères du maire de Paris.

 

Mais l’histoire continue. Aujourd’hui, Girard se pousse du col pour être « ministre de la Culture, de la Communication et du Numérique » de François Hollande. Un vrai petit livre rouge.

 

Frédéric Martel

 

Lire l’article de l’Express  

 

                                                                  l'express 1

 

 

 

Lire aussi:

Christophe Girard se positionne pour être Ministre de la Culture !

Ouverture du dimanche: Christophe Girard soutient la droite parisienne

 

 

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