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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 09:17

 

Après Angers, Bordeaux, Lyon, Nantes et Rennes….la fronde pourrait bientôt atteindre la capitale !

Le début d'un phénomène de grande ampleur ? Depuis plusieurs mois de nombreuses bibliothèques de province se sont mises en grève. Après Rennes l’été dernier et Angers au cœur de l’hiver, ce fut au tour des bibliothécaires de Nantes puis de Bordeaux de répondre au mois d'avril à l'appel des organisations syndicales. Ils ont été suivis en juin par leurs collègues Lyonnais. Pour tous, un véritable ras-le-bol avec en point d’orgue le manque de moyen pour assurer leurs missions auprès du public dans de bonnes conditions.

Sous effectif, organisation du travail, action culturelle, politique documentaire… c’est par ces maux que les bibliothécaires décrivent leur quotidien sans être entendus par les élus et leur administration. Une crise existentielle partagée visiblement par toute la profession quelque soit la taille ou la couleur politique de leur commune d'exercice.

« Depuis longtemps, trop longtemps, le personnel des bibliothèques ressent un profond malaise et il nous semble indispensable de vous l’exprimer ». C'est ainsi que débutait la lettre ouverte, que la CGT avait envoyée aux élus et à la direction en décrivant par le menu le profond ressenti des bibliothécaires de la Ville de Rennes.

Un constat qui ne sera pas démenti par les bibliothécaires nantais, dont la grève a été très suivie en avril dernier : « C'est le mépris de nos compétences ! » déclare ainsi un agent de la médiathèque Luce-Courville à « Ouest-France » soutenu en cela par des usagers, comme cette mère de trois enfants affirmant dans le même journal que « l'identification d'un référent est une plus value. Si je viens là, c'est pour avoir des conseils pour mes enfants. »

 

 

                                     A Nantes, les bibliothécaires soufflent un vent de contestation

               jean-marc-ayrault-17-juillet-2013-a-matignon-1373289-616x38

                                                  "  Ah celui là, il vient de Rennes et il va jusqu'à Paris "

 

 

Moteur de ces mouvements sociaux à répétition: un sous-effectif qui semble de plus en plus récurent dans les bibliothèques de France et de Navarre. « On doit faire du neuf avec du vieux et réinventer des choses avec les mêmes moyens » remarque ainsi une bibliothécaire de Lyon-Part Dieu dans un reportage de France3 Rhône-Alpes couvrant la grève de juin dernier.  « Malgré l'ouverture d'un nouveau site, il n'y a pas de création de postes supplémentaires, dénonce de son côté Valérie Pacaud, secrétaire générale de la CGT de la Ville de Nantes au moment de la fronde du mois d'avril. On reste à effectif constant pour l'ensemble des bibliothèques. »

Idem du côté de Bordeaux où les personnels pointent au journal Sud-Ouest « le problème des bibliothèques de quartier, qui sont constamment en sous-effectif au point qu’il faut parfois les fermer soi-disant pour raisons techniques». C'est à croire qu'ils se sont tous concertés !

Des revendications auxquelles les Maires et leur administration refusent pourtant de répondre. Au point que cela vire parfois à l’absurde. Alors qu’ils dénonçaient eux aussi le manque de moyens pour assurer à bien leurs missions de service public, les bibliothécaires de la Ville d’Angers avaient demandé à être reçu par le maire (PS), Frédéric Beatse. Résultat des courses ? Ce dernier a tout simplement refusé toute rencontre ! Pas très fluctuat. Seule solution pour les syndicats pour obtenir un rendez vous: un préavis de grève ! Après un mouvement suivi à 80% le Maire, dans une position devenue des plus mergitur sera contraint de recevoir une délégation. « Les revendications sont en cours d'étude par la Ville », indiquait dans la presse locale Sylvain Porcher, militant syndical de Sud. On se faisait toutefois une autre idée de la douceur angevine. 

 

 

                        Le Maire d'Angers (à gauche) tourne le dos au dialogue avec les bibliothécaires

                P2070227D2090181G.jpg

                                                 " Tiens, je vais t'en donner moi de la douceur angevine ! "

 

 

Si ce malaise touche la province, il n’épargne malheureusement pas la capitale. Bien que les bibliothèques municipales parisiennes n’ont plus connu de mouvement social depuis un certain temps, la grogne couve tout de même chez les personnels. A tel point que ces derniers ont envahi en fin d'année derniere un séminaire des chefs d’établissement présidé par le Directeur des Affaires Culturelles de l’époque, François Brouat, à l'appel de la CGT et de la CFDT.

 

« Avec le manque de moyens, cela devient difficile d'assurer ne serait-ce qu'un service public minimum » s'alarme une bibliothécaire de Yourcenar (XVe) accompagnée de deux collègues. « Nous tournons en permanence sur 40 postes, alors que 45 étaient prévus à l'origine. ». Un constat peu amène que rapporte le site ActuaLitté présent lors de l'envahissement. Les réponses, du côté de la Mairie de Paris, sont lapidaires : face au personnel et aux chefs d'établissement, François Brouat signale que « le budget de la Ville est difficile à mettre en place », mais que les revendications de tous sont « connues ». Pas encore reconnues, cependant... comme le note perfidement le site d’actualité culturelle.

Pour faire face aux baisses continuelles d’effectif, la Mairie de Paris ne semble avoir trouvé comme parade que…les réductions d’horaire d’ouverture (lire ici), une solution qui était jusque là considérée comme tabou dans la capitale. Cette politique de flux tendu des personnels des bibliothèques parisiennes fait même parfois des victimes inattendues puisque la médiathèque Marguerite Duras (XXe), pourtant une des fiertés culturelles de la municipalité, n’a pu en février dernier ouvrir ses portes un dimanche….faute de personnel suffisant ! Voilà ce qui arrive quand on joue petit bras.

En fait, à Paris tout pourrait exploser après les municipales de mars 2014. De nouvelles baisses d’effectifs sont programmées pour la prochaine mandature, murmure-t-on dans les couloirs de l'Hôtel de Ville avec des fermetures probables de bibliothèque à la clef. Comme une sorte de mise en bouche, la bibliothèque jeunesse Saint Louis (IVe) a ainsi fermé sans préavis en début d’année.

La suite ? La bibliothèque Louvre (Ie) est déjà condamnée si l’on en croit une note interne diffusée accidentellement à l’ensemble des personnels du réseau et les menaces qui pèsent sur la bibliothèque Château d’Eau (Xe) n’ont toujours pas été levées. Surtout que la municipalité a programmé l'ouverture après 2014 de deux nouvelles médiathèques ( Canopée et Carré Saint Lazare  ) pour lesquelles il faudra bien trouver les effectifs quelque part. 

Une politique qui va vite devenir intenable pour les bibliothécaires parisiens. Anne Hidalgo, actuellement favorite pour prendre la succession de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris pourrait alors essuyer un mouvement social d’envergure. Des bobos en perspectives à Paris ?

Publié également sur " Miroir Social "

 

                   En 2014, les bibliothèques parisiennes vont en voir de toutes les couleurs

       julliard et hidalgo-copie-1

                                                                    Bon Bruno, tu m'enlèves tout ça   

 

 

Lire aussi

Les bibliothèques d’Angers en grève pour protester contre le manque de moyen 

La grève se poursuit dans les bibliothèques de Nantes 

Grève dans les bibliothèques municipales de Lyon le 20 juin 

Grève à la bibliothèque de Mériadeck à Bordeaux 

Rennes : Toujours une majorité de bibliothèques touchée par la grève !  

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commentaires

F
"l'Heure à sonnez mon générale"...?..ALORS..!<br /> "sonnez trompette mon capitaine"....!<br /> <br /> Lawrence d'Arabie...
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M
Bonjour ! Je suis bibliothécaire et suis contre l'ouverture le dimanche et le soir tard ! Et la vie de famille ! Nous sommes déjà ouverts le samedi pour satisfaire le public. Quand on a un conjoint<br /> qui travaille le lundi et a son samedi en repos, on ne se voit que le dimanche avec déjà des difficultés pour organiser departs en Week-end. 20 ans que cela dure et que c'est dificle pour nous.
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F
Bibliothèques:<br /> "il n'y a pas 450 milliards de réponses...", la "mort" des bibliothèques..est inéluctable.!!<br /> c'est un fait irrévocable.!<br /> au meme titre que les musées.!!<br /> Il "refileront"..le "bébé" empoissonner..au Privé.!!<br /> c'est déjà en "marche" depuis "belle-lurette"..!<br /> <br /> -Seul solution: (Grève générale de toute la culture (bibliothèques/MUSEES) principalement à PARIS.)..<br /> <br /> Lawrence d'Arabie
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