Une même grève, un (presque) même mot d’ordre mais… trois intersyndicales !
Les agents des crèches de la Ville de Paris étaient appelés à la grève le jeudi 11 septembre. Un appel fait par tous les syndicats sauf que ceux-ci étaient en ordre (très) dispersé puisque ce n’est pas une, ni deux… mais trois intersyndicales différentes qui étaient à la manœuvre ! Une situation assez rocambolesque. Décryptage
Tout a commencé fin août quand les syndicats CFDT, UNSA et UCP ont lancé un appel à la grève pour le 11 septembre. Pour ces « trois syndicats réformistes et constructifs » selon leur propre terme, c’était une manière sans doute de lancer la pierre à la CGT qui avait déjà lancé un mouvement dans les crèches de la capitale avant l’été. Notons toutefois que bien que « réformiste » l’intersyndicale réunie autour de la CFDT en appelait néanmoins « à une grève reconductible », un vocabulaire utilisé d’habitude par des forces plus révolutionnaires.
De son côté, le syndicat CGT, surpris par cet appel, a réagit aussi sec : « Pas question de prendre le risque d’affaiblir la mobilisation, en faisant (comme d’autres syndicats l’ont déjà fait) un appel à la grève un autre jour » a annoncé le syndicat majoritaire à la direction de la petite enfance de la Ville de Paris dans un communiqué. Il déplore « le choix de trois autres syndicats de faire bande à part, sans même venir discuter ». Il appelle à son tour à faire grève le même jour que la première intersyndicale mais…. sous la bannière d’une seconde intersyndicale avec la FSU et FO en renfort !
Oui mais voilà, pour rajouter un peu d’absurde à la situation, la CFTC, qui ne figurait donc ni dans l’une ni dans l’autre intersyndicale … se lançait elle aussi dans un appel à la grève pour le 11 septembre, formant en quelque sorte une troisième intersyndicale avec elle-même. Du pur mergitur.
Trois intersyndicales certes, mais peu ou prou le même mot d’ordre. « Les revendications des organisations syndicales portent essentiellement sur des demandes d’effectif supplémentaire et les modalités de remplacement des absences » constate ainsi la Mairie de Paris.
Mais trois intersyndicales, c’est aussi trois délégations et… trois réunions ! Un vrai vaudeville à l'Hôtel de Ville et de quoi occuper les négociateurs de la DRH pendant plusieurs heures. La municipalité devrait toutefois tirer parti de la situation en gonflant fluctuat la rubrique « dialogue » de son prochain bilan social. Certains expliquent cette « stratégie » syndicale par l’imminence des prochaines élections professionnelles prévues pour décembre. Pas sûr que cela soit efficace.
Car malgré la pléthore d’appels à la mobilisation, les personnels eux n’ont semble-t-il guère gouté la mascarade car la grève a été un véritable bide. « Sur les 463 crèches municipales que compte la capitale seuls 16 établissements sont restés fermés et 37 ont ouvert avec des effectifs réduits » a annoncé le journal Métro d’après les chiffres fournis par la ville. C’est beaucoup moins que le précédent mouvement de juin où là, ce sont toutes les crèches qui avait été touchées dont 140 établissements contraint de fermer. Les chiffres sont parfois cruels.
Néanmoins malgré l’échec de la mobilisation, la mairie de Paris serait « disposée à faire des propositions d'effectif supplémentaire pour renforcer le volant de remplacement » d’après un communiqué de l’intersyndicale réunie autour de la CGT qui a décidé de mettre fin au mouvement et précise qu’ « une réunion de travail est prévue jeudi 18 septembre ».
Une « réunion de travail » qui sera ….boycottée par les syndicats « réformistes et constructifs ». En effet l’intersyndicale réunie autour de la CFDT annonce au quotidien Le Parisien vouloir « boycotter la réunion de jeudi prochain, comme tous les autres prochains rendez-vous programmés d’ci la fin de l’année ». Ses représentants sont sortis « écœurés » de la réunion de négociation et appellent à une grève illimitée avec de nouveaux rassemblements vendredi puis lundi matin devant l’Hôtel de Ville. Les repères syndicaux ne sont plus ce qu’ils étaient. De son côté la CFTC n’a pas encore fait connaitre sa position...
Publié également sur Miroir Social
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